Ximun Larre

L'Etat français dans la spirale de la dispersion

Le collectif Bagoaz a fait le point hier, mercredi 14 septembre, sur la situation des détenus basques dans l’Etat français. Et a évoqué, en particulier, le sort d'Ibon Goieaskoetxea et Aletxu Zobaran.

29 détenus basques dans l'Etat français peuvent bénéficier d'une libération conditionnelle. © Aurore Lucas.
29 détenus basques dans l'Etat français peuvent bénéficier d'une libération conditionnelle. © Aurore Lucas.

Ibon Goieaskoetxea et Aletxu Zobaran sont détenus à la prison de Valence, dans la Drôme, depuis le mois de juin. Le collectif Bagoaz a choisi d'évoquer leur situation, hier, à Bayonne, pour faire également un point sur la situation des détenus basques dans l'Hexagone. Pour Bagoaz, la situation des deux militants du centre de détention de Valence incarne la politique de dispersion et d'éloignement pratiquée dans l’État français.

Emilie Martin, porte-parole de Bagoaz, s'est chargée de faire un état des lieux complet dans l'Hexagone. "Actuellement, il y a 370 détenus basques, dont 80 dans l’État français, répartis dans 24 établissements différents". Et l'on ne peut pas dire que l'éloignement ne soit pas la règle. "Un peu plus de la moitié des détenus de l’État français se trouve à plus de 800 kilomètres du Pays Basque et 70, à plus de 400 kilomètres". Idem pour la dispersion. "Il y a trois prisons avec un seul prisonnier basque, 12 avec seulement deux prisonniers et neuf avec trois", ajoute Emilie Martin.

Eloignement et dispersion sont les deux mots qui reviennent dans la bouche des membres de Bagoaz pour dénoncer l'attitude de l’État français. "Cinq ans après la déclaration d'Aiete et à quelques mois d'échéances électorales importantes, nous voulons aujourd'hui taper du point sur la table. L’État français doit s'inscrire dans le processus de paix et prendre ses responsabilités", précise Garbiñe Eraso.

Le cas d'Ibon Goieaskoetxea et Aletxu Zobaran a été longuement abordé. Comme un symbole. Bagoaz est revenu sur le courrier reçu par Ibon Goieaskoetxea, en date du 24 mai 2016, de la Direction de l'administration pénitentiaire au sujet de son affectation. Il y apprenait le motif de son transfert de Fleury-Mérogis à Valence : "afin de permettre à l'intéressé de poursuivre son parcours d'exécution de peine au sein d'un établissement adapté à son profil pénal et pénitentiaire tout en le rapprochant de ses attaches familiales". "Il y a 20 kilomètres de différence avec Fleury", précise Zigor Goieaskoetxea, frère d'Ibon. Drôle de rapprochement, en effet.

Ibon Goieaskoetxea et Aletxu Zobaran au mitard

Les deux détenus sont volontairement au mitard depuis le 8 août dernier. "Pour protester contre leur situation", explique Zigor Goieaskoetxea. Les deux hommes avaient même entamé une grève de la faim, durant quelques jours

Les deux Basques refusent toute visite. "Pour ne pas imposer inutilement de la route aux familles et en guise de protestation", précise Zigor Goieaskoetxea. Seule fenêtre ouverte sur l'extérieur, un appel téléphonique par semaine à la famille. "Mais les appels sont coupés sans prévenir", raconte-t-il.

"La prison de Valence comporte une maison d'arrêt et un centre pénitentiaire, mais elle fonctionne comme une maison d'arrêt", déplore Zigor Goieaskoetxea. Les détenus n'ont droit qu'à deux sorties courtes, interrompues par d'incessants contrôles.

Restrictives

Des mesures très restrictives complètent l'arsenal sécuritaire de l'établissement. "C'est la seule prison de l'Hexagone avec un système de brouillage d'ondes, pour empêcher les communications avec des portables vers l'extérieur. Un système dangereux pour la santé, certains fonctionnaires ayant même demandé leur mutation", fait remarquer Zigor Goieaskoetxea.

Selon ce dernier, "le directeur de la prison lui-même aurait reconnu que les deux détenus basques n'auraient rien à faire dans cet établissement". Le frère d'Ibon Goieaskoetxea assure qu'ils restent, malgré tout, déterminés et soudés.

Bagoaz organisera un rendez-vous à la MVC (Maison de la vie citoyenne) du Polo Beyris à Bayonne, le 21 octobre prochain. Le collectif y présentera les détails de ses actions à venir dans les prochains mois.