Justine Giraudel

Déshuntage : la SNCF annonce faire appel

Mardi, les prud'hommes annulaient les sanctions prises contre les cheminots dans l'affaire du "train fantôme". Bien que la SNCF annonce mobiliser la cour d'appel, la décision fait date.

L'affaire remonte au 11 janvier 2015, lorsqu'un train X73500 disparaissait des écrans radars entre Bordeaux et Bayonne.
L'affaire remonte au 11 janvier 2015, lorsqu'un train X73500 disparaissait des écrans radars entre Bordeaux et Bayonne.

Le 18 octobre, les juges prud'hommaux de Bayonne donnaient raison au trois salariés qui avaient exercé leur droit de retrait suite à l'affaire du déshuntage d'un train type X73500, en janvier 2015. La SNCF est bien décidé à faire appel et l'a déjà annoncé, avant même la réception du délibéré.

Une décision dont la précipitation a quelque peu étonné Julien Delion, un des trois salariés qui déposaient plainte contre leur employeur le 21 septembre 2015 pour "mise en danger de la vie des salariés et des usagers". Et dont la SNCF "ne sortira pas grandie" ajoute-t-il.

Un jugement exemplaire en Bretagne

"Nous pensions qu'ils attendraient la décision du procureur de Brest avant de faire appel dans notre affaire." En effet, le Pays Basque n'est pas le seul territoire concerné par ce type de dysfonctionnements. Ce jeudi 20 octobre, le tribunal correctionnel de Brest a rendu son verdict dans un procès qui oppose la SNCF à la famille d'une automobiliste tuée par un TER à un passage à niveau, un accident mortel remontant à l'année 2006, près de Landernau. Le tribunal correctionnel de Brest a condamné la SNCF à une amende de 200 000 euros et 125 000 euros de dommages et intérêts pour homicide involontaire.

La SNCF rejetait la thèse du problème technique et plus précisément celle du déshuntage. Interviewé sur France Bleu Breizh Izel, Hervé Pineaud (cheminot syndiqué à la CGT) témoignait ce matin que ce type d'incidents arrivent "malheureusement trop souvent" - ils touchent plus particulièrement les motrices X73500. "Dans le cadre des déshuntages, il existe souvent des pressions de la part de la direction", reconnaît-il avant de rappeler la décision du tribunal de Bayonne qui a conforté "[ses] camarades".

Car bien que la SNCF fasse appel, le jugement prud'homal de mardi fait date, assure Julien Delion. "La SNCF a tout de même perdu". Qui plus est, rappelle-t-il, en février dernier le secrétaire d’État chargé aux Transports Alain Vidalies annonçait concentrer les moyens à la maintenance des passages à niveau.

Il faudra certainement attendre entre 18 et 24 mois avant que le procès ne passe devant la Cour d'appel. Mardi, les prud'hommes ont condamné la SNCF à reverser 1 000 euros au titre de préjudice moral aux cheminots, à rembourser leurs frais de justice et à annuler leurs sanctions.