Anaiz Aguirre Olhagaray

Rocade urbaine : du pain bénit pour Vinci

Si la tarification préférentielle applicable au 1er octobre viendra soulager de 20 % les porte-monnaies des actuels abonnés ASF, à condition qu’ils effectuent au moins 20 trajets mensuels, le concessionnaire autoroutier pourrait gagner jusqu’à 30 000 nouveaux clients, et un chèque du Syndicat des mobilités de 650 000 euros.

En moyenne 40 000 véhicules empruntent quotidiennement la portion Biriatou-Ondres de l'A63, selon les chiffres de la CAPB. © Guillaume FAUVEAU
En moyenne 40 000 véhicules empruntent quotidiennement la portion Biriatou-Ondres de l'A63, selon les chiffres de la CAPB. © Guillaume FAUVEAU

Selon les chiffres du Syndicat des mobilités, un tiers des 90 000 voitures franchissant quotidiennement l’Adour sur les routes du Pays Basque pourrait basculer sur l’autoroute, grâce au nouveau dispositif d’abonnement lancé à partir du 1er octobre. Les automobilistes habitant ou travaillant dans le périmètre du Pays Basque Nord (incluant la commune de Tarnos) et effectuant au moins 20 trajets par mois (soit 10 allers-retours) sur l’itinéraire domicile-travail, pourront souscrire un abonnement réduisant de moitié le coût actuel des péages situés entre Ondres et Biriatou.

Le tronçon autoroutier deviendra ainsi une rocade urbaine. Objectif principal : désengorger le réseau routier départemental et littoral. Pour les actuels abonnés, la réduction sera de 20 %, puisque Vinci applique déjà une remise de 30 % sur les abonnements “Ulys 30”. C’est cette part de 20 % que prend à sa charge le Syndicat des mobilités, par le biais des impôts payés par l'ensemble des contribuables du territoire. Coût de l’opération : 650 000 euros pour cette année.

La réduction est applicable sept jours sur sept, à toute heure, sur inscription. Pour y avoir droit, les usagers doivent résider ou travailler dans le périmètre du Syndicat des mobilités, à savoir le Pays Basque Nord et la commune de Tarnos. Sont concernés les automobilistes non professionnels de véhicules de classe 1 (légers), classe 2 (intermédiaires) et 5 (deux roues motorisés), déclarant effectuer au moins 20 trajets par mois (soit 20 voyages) sur le parcours domicile-travail. Pour une personne effectuant le trajet Bayonne-Saint-Jean-de-Luz, le coût de l’abonnement mensuel serait donc de 68 euros, et de 84 euros pour l’automobiliste voyageant entre Ondres et Biriatou.

C’est là une première étape dans le chemin du nouveau service multimodal. Avec la création de parkings-relais (P+R), les automobilistes seront dans un second temps incités à pratiquer le covoiturage et à emprunter les transports en commun, en particulier le Tram’bus. Un effort dont ils se verront alors récompensés par une réduction supplémentaire de 20 % sur leur abonnement autoroutier.

Tout bénéf’ pour Vinci

Trente mille véhicules se reportant potentiellement sur l’autoroute, ce sont autant de nouveaux clients pour l’entreprise Vinci. En admettant que sur ces 30 000 usagers, une moitié emprunte tous les jours de la semaine le tronçon Bayonne-Saint-Jean-de-Luz (coût mensuel de 168 euros), le gain pour le géant autoroutier serait alors de 2 520 000 euros. Sans compter l’enveloppe de 650 000 euros versée par le Syndicat des Mobilités.

Au Pays Basque Nord, le transport routier est responsable de 57 % des émissions de CO2*. Cette nouvelle tarification avantageuse n’est-elle pas une incitation à utiliser la voiture, quand il conviendrait au contraire d’abandonner celle-ci ? Réponse de Claude Olive, président du Syndicat des mobilités : "Ni Jean-René [ndlr : Etchegaray, président de la CAPB] ni moi ne sommes pour le tout-voiture. On entend, on lit ces critiques. Mais vous savez, plus vous enlevez la voiture des centres-villes, et mieux vous allez respirer". Décrié par les associations écologistes, qui lui reprochent un manque d’ambition en matière de politique cyclable, Claude Olive affirme ne pas avoir "l’impression d’être en contradiction avec les personnes qui pensent qu’on est pour le tout bagnole".

*Source : Atmo Nouvelle-Aquitaine, 2014.