Ximun Larre

L'Ossau Iraty sur ses gardes face au CETA et au TAFTA

L'AOP Ossau Iraty cherche des garanties à l'heure des négociations sur les traités de libre échange entre l'Union Européenne et le continent nord-américain.

En quatorze ans, la production d'AOP Ossau-Iraty a doublé. © Syndicat Ossau-Iraty
En quatorze ans, la production d'AOP Ossau-Iraty a doublé. © Syndicat Ossau-Iraty

Le CETA est l'accord de libre échange entre l'Union européenne et le Canada. Un accord qui a fait pour l'instant couler moins d'encre que le fameux TAFTA, concernant lui les Etats-Unis. Malgré tout, bon nombre d'AOP (Appellation d'origine contrôlée) européennes sont concernées par le CETA. Pour certaines d'entre elles, dont l'Ossau Iraty, il n'est pas prévu de mesures de protection. Une brèche qui pourrait ouvrir la porte à une concurrence venant du Canada.

Le CETA prévoit la suppression des droits de douane entre le Canada et l'Union européenne. Mais sur les 3 000 AOP que compte l'UE, 143 seulement seront protégées et l'Ossau Iraty, lui, n'en fait pas partie. En principe, de l'Ossau-Iraty pourrait donc être fabriqué au Canada.

Un risque "théorique" reconnaît pour l'instant Peio Etxleku, responsable de la fromagerie Agour à Hélette. "Au niveau mondial le marché de l'Ossau Iraty reste modeste, il faudrait qu'il soit plus important pour que d'éventuels investisseurs canadiens se lancent dans le marché". Mais celui-ci de réclamer "le même niveau de garanties" que les AOP protégées par le traité.

Si les producteurs fermiers semblent être moins concernés, les fromageries présentes à l'export ne négligent pas l'affaire. "Pour la fromagerie Agour, le continent nord-américain, Etats-Unis et Canada, représente environ 10 % du marché", précise Peio Etxeleku.

Concernant le TAFTA et alors que le gouvernement français a pour l'instant abandonné les négociations, le syndicat de défense de l'AOP Ossau-Iraty a ouvert une procédure aux Etats-Unis. En compagnie d'autres AOP, elles cherchent à protéger leur appellation.
 
Les opposants au TAFTA ne relâchent pas la pression

Dans le même temps le collectif Stop TAFTA Pays Basque, rappelle son opposition à cet accord commercial. En compagnie d'Attac France et d'une vingtaine d'organisations de la société civile en Europe, le collectif publie un rapport intitulé "CETA : marchander la démocratie". Selon ces organisations "le CETA autoriserait les investisseurs canadiens, et leurs homologues américains disposant de filiales au Canada, à poursuivre les Etats membres de l'UE et l'UE elle-même pour toute législation affectant négativement leurs bénéfices". Le CETA devrait être signé à la fin du mois d'octobre, avant une ratification par les parlements nationaux dans les mois qui suivent.