Justine Giraudel

La CGT en campagne, LAB au tribunal

A la CGT, la campagne pour les élections dans les TPE bat son plein. Alors que la confédération tente d'écarter LAB du scrutin.

L'union locale de la CGt estime avoir fait son travail dans l'affaire qui oppose la confédération à LAB. © Ekhi Erremundegi
L'union locale de la CGt estime avoir fait son travail dans l'affaire qui oppose la confédération à LAB. © Ekhi Erremundegi

On pourrait penser qu'il serait difficile pour l'union locale de la CGT de mener campagne en pleine affaire LAB. Mais il n'en est rien pour Denis Dartigoueyte (fonctionnaire territorial à Boucau) et Jacques Dassé (salarié chez Dassault) venus présenter les élections dans les TPE (très petites entreprises). "Nous avons fait notre travail", estiment-ils, après que l'union départementale ait demandé à la confédération de refuser l'action en justice contre le syndicat de défense des salariés du Pays Basque. Et bien qu'elle ait été désavouée.

Le différend entre LAB et la CGT était bien entendu dans toutes les têtes, mais les deux membres de l'union locale bayonnaise le répètent à l'envi : "nous sommes propres à ce sujet". Bien que gênés que ce recours ait eu lieu, "on aurait dû être contactés". A l'heure actuelle, une dizaine de syndiqués auraient rendu leur carte, assurent-ils.

Controversée dans les rangs mêmes de ses syndicats, l'action avait donné lieu à une motion portée part la CGT du Pays Basque et du Béarn et discutée au niveau régional, pour qu'elle soit annulée. En vain : les onze autres départements se sont alignés sur la confédération générale, validant de fait l'action contre LAB. "On est confédéré." Dont acte.

Quant au contenu même de l'assignation en justice, il ne sera pas débattu – "ce n'est plus de notre ressort" – et les dissensions internes jugées naturelles – débats "passionnants et passionnés" propres au syndicalisme. La question du travail en commun avec LAB, motion du congrès de l'union locale de Bayonne, sera à nouveau sur la table du comité général départemental le 13 décembre – au lendemain de la fermeture du scrutin. Mais "on avance", concluent les représentants, sans s'avancer sur de potentiels votes sanctions.

"Nous sommes un syndicat de proximité" est pourtant un leitmotiv récurrent pour la CGT, et un axe de campagne. Ses représentants partent à la rencontre des salariés des TPE, grandement majoritaires en Pays Basque où elles comptent bien souvent un nombre d'employés inférieur au seuil maximal, fixé à onze.

"Nous avons besoin d'un syndicat fort"

Avec un taux de participation de 10 % pour le scrutin de 2012, les élections des représentants régionaux ne rassemblent guère les foules. En Aquitaine, la CGT recueillait 30,89 % des voix, devant la CFDT (18,7%), FO (14,87%) et, pour rappel, 2,35 % pour LAB.

"Nous avons besoin d'un syndicat fort" insistent les représentants locaux, pour défendre les salariés des TPE dans les commissions paritaires, participer à la désignation des juges prud'homaux… et rester à la première place du podium pour ces entreprises qui comptent 4,6 millions de salariés dans l'Hexagone. Entre autres combats pour la CGT, l'augmentation du temps de travail pour les temps partiels, la mise en débat de la semaine à 32 heures et l'augmentation du SMIC à 1 800 euros.

Voilà plusieurs mois que l'actualité sociale a été rythmée par les nombreuses manifestations contre la loi Travail. Dernière en date, le 15 septembre. Mais l'avenir semble plutôt pencher aujourd'hui vers la voie juridique, en se tournant notamment vers l'Observatoire international du travail, ou les luttes internes. "Le rapport de force est la seule arme qui fonctionne et elle a fait ses preuves" commente Jacques Dassé.

Les 19 et 20 octobre, des rassemblements de la CGT devront proclamer les journées pour les libertés syndicales, à l'heure de l'ouverture du procès des ex-salariés de Goodyear. Et quand, en Pays Basque Nord, la confédération tente d'écarter un de ses adversaires.