Antton Etxeberri

Hélène Davo a quitté le ministère de la Justice

Hélène Davo, interlocutrice au sein du ministère de la Justice de la délégation du Pays Basque en charge de la question des prisonniers basques, vient de quitter la place Vendôme direction l'Elysée.

Hélène Davo a été récompensée pour son travail contre ETA par Sanchez, premier ministre espagnol.
Hélène Davo a été récompensée pour son travail contre ETA par Sanchez, premier ministre espagnol.

Comme l'annonçait le quotidien Le Monde dans un article publié le 9 juillet dernier, le cabinet de la ministre de la Justice Nicole Belloubet a enregistré de nombreux départs après le vote de la loi de programmation et de réforme de la justice. Dont celui d’Hélène Davo, directrice adjointe du cabinet, en charge des discussions avec la délégation du Pays Basque sur la question des prisonniers politiques basques.

"Madame Hélène Davo n’assure plus son rôle de directrice adjointe au sein du cabinet. Elle est partie le 10 juillet dernier assurer sa nouvelle fonction de 'conseillère justice' auprès d’Emmanuel Macron, à l’Elysée". La confirmation a été donnée à MEDIABASK par le secrétariat du cabinet de la garde des Sceaux place Vendôme. Hélène Davo remplace Sonya Djemni-Wagner, qui devrait être nommée inspectrice générale de la justice à la rentrée.

Davo était à son poste de directrice adjointe du cabinet depuis juin 2017, après avoir été magistrate de liaison pendant de nombreuses années à Madrid. Durant ces deux années, elle a rencontré à plusieurs reprises place Vendôme la délégation basque composée de Jean-René Etchegaray, président de la Communauté d’agglomération Pays Basque, Vincent Bru, député Modem de la VIème circonscription, Michel Berhocoirigoin, artisan de la paix, et Anaiz Funosas, présidente de Bake Bidea. Des réunions qui avaient pour objectif de trouver une solution aux revendications portées par le territoire du Pays Basque sur la question des prisonniers basques : dispersion, éloignement, prisonniers malades, longues peines, statuts de DPS.

Hélène Davo avait reçu le 20 décembre 2018 MEDIABASK à qui elle expliquait que la Chancellerie avait atteint sa limite dans les pas qu’elle pouvait faire en terme de rapprochements et d’aménagements concernant les prisonniers basques. A ce moment-là, 13 prisonniers basques restaient encore à rapprocher. Leurs "profils très lourds en terme de condamnation et de symbolique" lui faisaient dire qu’ils ne pourraient pas être rapprochés, eu égard au regard porté par les associations de victimes les concernant.

Suite à la manifestation de Bayonne qui avait rassemblé plus de 9 000 personnes en janvier 2019, les discussions qui étaient bloquées depuis six mois avaient repris, et de nouveaux rapprochements ont depuis eu lieu vers les prisons de Lannemezan et Mont-de-Marsan. Au moment de son départ vers l’Elysée, le nombre de prisonniers qu’il reste à rapprocher est passé à cinq : Jakes Esnal (St-Martin-de-Ré), Xabier Goienetxea et Iñaki Reta Frutos (Fresnes), Joseba Fernandez et Ion Kepa Parot (Muret). A ces cinq prisonniers s’ajoute Josu Urrutikoetxea, arrêté en mai dernier, et qui est incarcéré à La Santé, dans l’attente de ses différents procès. Sans compter la problématique des neuf prisonnières basques qui sont dispersées dans trois prisons de l’hexagone (Réau, Rennes et Roanne) et pour qui il n’existe aucune centrale proche du Pays Basque.

En plus de ces derniers rapprochements à effectuer, il reste sur la table la question des statuts de détenu particulièrement signalé (DPS) qui sont maintenus pour certains prisonniers, et aussi les longues peines à qui le système judiciaire français refuse depuis de nombreuses années des libérations conditionnelles. Xistor Haranburu qui avait fait une nouvelle demande de remise en liberté s’était vu accepter sa demande par un juge en juillet, décision contre laquelle le Parquet avait immédiatement fait appel pour le maintenir en prison. La semaine dernière, Lorentxa Beyrie qui compte 18 années de prison, avait elle aussi reçu l'acceptation de la part d'un juge pour une liberté conditionnelle. Le Parquet avait là aussi fait appel de cette décision, la maintenant en prison.

Avec le départ d’Hélène Davo du ministère de la Justice vers l’Elysée, les membres de la délégation du Pays Basque auront donc un nouvel interlocuteur à la Chancellerie, dont le nom n'a pas encore été rendu public.