Goizeder TABERNA

Josu Urrutikoetxea de nouveau incarcéré

Le parquet général de la cour d’appel a décidé le placement en détention provisoire du militant basque. La mise en liberté de Josu Urrutikoetxea sera à nouveau examinée dans cinq jours.

EH Bai et EH bildu ont dénoncé l'acharnement contre Urrutikoetxea. © Guillaume FAUVEAU
EH Bai et EH bildu ont dénoncé l'acharnement contre Urrutikoetxea. © Guillaume FAUVEAU

Ses proches et les journalistes guettaient ses premiers pas hors de la prison parisienne de la Santé lorsqu’ils ont aperçu une voiture remplie de policiers encagoulés. Ils en ont déduit que Josu Urrutikoetxea se trouvait à l'intérieur. Après la confusion régnant mercredi soir, la situation judiciaire du militant basque devait se clarifier ce jeudi 20 juin en début d’après-midi. Un magistrat de la chambre d'instruction de la cour d’appel de Paris a ordonné sa détention provisoire pour une durée de cinq jours.

Il devrait donc retrouver sa cellule de la Santé et passé ce délai, le 26 juin, la chambre d'instruction devra statuer sur sa libération conditionnelle. "Conformément aux réquisitions du parquet général, le président de la chambre de l’instruction a décidé de placer José Antonio Urruticoechea en détention provisoire dans l’attente de l’examen des demandes de remise aux autorités judiciaires espagnoles dont elle est saisie", informe le parquet.

Deux demandes d’extradition et un mandat d’arrêt européen (MAE) émis par la justice espagnole lui ont été communiqués, ce jeudi. Les deux premiers concernent l’action d’ETA contre un responsable de la société Michelin de 1980 et un attentat perpétré à Saragosse en 1987. Le troisième concerne les poursuites pour crime contre l’humanité. Un second MAE serait en cours de transmission, d’après ses proches.

Par ailleurs, le parquet général a présenté un recours en cassation contre la décision d'hier de la Cour d'appel de le libérer. Il dit contester l’analyse juridique ayant motivé ces décisions, et a décidé de former trois pourvois en cassation : concernant sa mise en liberté, son placement en contrôle judiciaire et le renvoi en correctionnelle de la condamnation de 2010, une des trois condamnations prononcées par la Justice française en son absence.

L'accélération des procédures

Au Pays Basque, plusieurs voix se sont interrogées sur l’accélération des procédures. L'agence de presse Efe affirme que l’association des victimes AVT l’a informée du fait que la magistrate de liaison Frédérique Porterie aurait communiqué son intention de "vérifier dans quelle situation se trouvent les deux mandats d’arrêt européens espagnols" émis contre le Basque.

La veille de son procès, Josu Urrutikoetxea a été informé d’une audience à venir, fixée le 10 juillet, concernant un mandat d’arrêt européen. Il semblerait que les choses se soient précipitées ce mercredi 19 juin. La procédure aurait été accélérée d’après le fils du militant, Egoitz Urrutikoetxea, afin que son père ne puisse pas être libéré. "Ils voulaient éviter la photo de mon père sortant de la prison de la Santé", a affirmé Egoitz Urrutikoetxea à la radio Naiz Irratia, au moment où son père se trouvait au Palais de Justice de Paris, cet après-midi.

Il est convaincu de l’intervention de l’Etat espagnol après la décision de la cour d’appel de le libérer sous contrôle judiciaire. Décision qui d’après lui ouvrait un nouveau contexte que les Espagnols voulaient éviter. La cour d’appel aurait retenu quatre éléments pour accepter la demande de libération, d’après Egoitz Urrutikoetxea : le droit français, l’état de santé du prévenu, les garanties de représentativité de ce dernier et la situation politique du Pays Basque ses dix dernières années et le rôle de son père dans cette évolution.

Or, l’arrestation immédiate du militant vite après sa libération démontrerait, d’après les mouvements les Artisans de la paix et Bake Bidea, que "les Etats français et espagnol n’assument pas de façon responsable les avancées décisives réalisées ces huit dernières années sous l’impulsion d’une société civile basque refusant d’être enchaînée au passé". C'est ce qu'a également dénoncé l'union syndicale Solidaires dans un communiqué.

Les mouvements basques impliqués dans la résolution du conflit demandent l’application de la décision de le libérer et réitèrent leur engagement "dans la recherche d’une paix juste et durable, frappée au sceau d’un vivre-ensemble". Plusieurs audiences attendent Josu Urrutikoetxea à présent, et à chacune d'elles, les positionnements des acteurs judiciaires seront certainement regardés sous ce prisme-là au Pays Basque Nord.