Ainhoa AIZPURU

L’OIP alerte sur les violences commises contre les détenus

L’Observatoire international des prisons (OIP) a publié, ce lundi 3 juin, un rapport sur la violence exercée sur les prisonniers par les surveillants des prisons. Il pointe par ailleurs du doigt le “système qui leur permet de se perpétuer”.

L’OIP reproche à l’administration pénitentiaire son manque de transparence et son inertie.
L’OIP reproche à l’administration pénitentiaire son manque de transparence et son inertie.

Sous le titre "Violence des surveillants de prison : brisons le silence", l’OIP dénonce dans son rapport les brutalités dont sont victimes de nombreux détenus dans les maisons d’arrêt de l’Hexagone. L’association alerte également sur la loi du silence qui couvre ces faits violents et qui empêche leur éradication.

L’organisation qui milite pour le respect des droits des détenus a fait état de la situation de violences vécues dans de nombreuses prisons de l’Hexagone. Le rapport s’articule autour de trois axes : un état des lieux de la violence, la description des rouages permettant que ces sévices existent, ainsi que des recommandations pour sortir du déni et de l’impunité.

Le document souligne la banalisation de cette violence ainsi que le manque de transparence sur les faits. Fréquemment réalisées sans témoins et loin des caméras de sécurité, les exactions commises par les agents pénitentiaires restent ainsi le plus souvent dans l’impunité. Pour l’heure, il n’existe aucune donnée ou statistique officielle sur ces violences. Paradoxalement, l’administration comptabilise bien les agressions physiques commises à l’encontre des agents pénitentiaires, plus de 4 000 en 2018 pour 188 établissements.

L’OIP a mis plus d’un an à recueillir les données utilisées dans ce rapport. Tout d’abord, l'Observatoire a regroupé les plus de 200 signalements de violences réalisés par des détenus, leurs proches ou leur avocat. De plus, l’association s’est appuyée sur une centaine d’entretiens, anonymes pour la plupart. Des détenus victimes de violences, des surveillants, des avocats, des médecins ou encore des directeurs de prison ont ainsi eu l'occasion de témoigner.

Une violence généralisée

Il ressort de ce travail que la violence est monnaie courante dans les centres de détention. Pour autant, le rapport ne veut pas minimiser les violences subies par le personnel pénitentiaire, ni généraliser les accusations. Il décrit un climat de tension et de peur dans lequel la violence s’auto-alimente. Il y aurait par ailleurs d’autres facteurs exacerbant ce climat : la surpopulation carcérale, la dégradation des conditions de détention, la formation hâtive des agents pénitentiaires, ou encore les difficultés de recrutement.

Ces brutalités toucheraient certains prisonniers plutôt que d’autres : les auteurs d’infractions sexuelles, mais aussi des personnes atteintes de troubles psychiques ou des étrangers ne parlant pas français. "On ne s’attaque pas aux caïds", explique Cécile Marcel, directrice de l’OIP. "On s’en prend à ceux qui auront plus de mal à faire entendre leur voix où dont la parole sera facilement remise en question".

Le cas de l'ancien prisonnier basque Mikel Albisu Iriarte en est l’exemple. En 2018, il avait été victime d’une agression de la part d’un détenu de droit commun atteint de troubles psychiatriques. Il avait par la suite reçu des menaces de mort lors d’une fouille de sa cellule de la part du personnel pénitentiaire. Une plainte avait alors été posée. Depuis, Albisu a été libéré sans nouvelle de cette procédure judiciaire.