Goizeder TABERNA

Grippe aviaire : nouveau procès à Bayonne

Le syndicat ELB se retrouve encore une fois à la barre, avec cette fois des éleveurs de canards de Domezain et de Bidache, pour avoir empêché l’abattage d’animaux. Le procès de la grippe aviaire aura lieu le 18 juin au tribunal de Bayonne.

Les éleveurs mis en cause et ELB défendent une prise en compte de la spécificité des petites exploitations par les services de l'Etat. © Guillaume FAUVEAU
Les éleveurs mis en cause et ELB défendent une prise en compte de la spécificité des petites exploitations par les services de l'Etat. © Guillaume FAUVEAU

Après un premier procès à Pau en novembre dernier pour des faits survenus à Barcus, quatre éleveurs de canards bas-navarrais et le syndicat paysan ELB devront s’expliquer devant le tribunal de Bayonne. Le 18 juin, Jean-Michel Berho, Florence, Marc et Alain Lataillade et le secrétaire général du syndicat ELB seront jugés pour entrave à l’exercice des agents de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP). Le procès se déroule plus de deux ans après les faits, ce qui fait dire aux accusés qu’il est le signe d’un acharnement des pouvoirs publics.

Au printemps 2017, ils se sont opposés, soutenus par des centaines de personnes, à l’abattage de canards ordonné par la préfecture dans le cadre de la lutte contre la grippe aviaire, convaincus que les animaux ne présentaient pas de risque de propagation de la maladie. L’avocate Anne-Marie Mendiboure s’interroge sur le sens de ces poursuites : "deux ans après, je ne vois pas où est le risque de trouble de l’ordre public". Elle y voit une tentative de criminalisation du syndicat.

Le défense des paysans et celle des petites exploitations travaillant avec des races locales, tel est le sens de l’action menée par ELB à l’époque. Précisément, il considère que les mesures prises par l’Etat "ne font aucune distinction entre les modèles et imposent des normes inadaptées, disproportionnées voire inefficaces que ne peuvent appliquer ces fermes". L’abattage des canards de Domezain et de Bidache aurait mis en danger, selon le syndicat, les filières de productions de la race kriaxera, alors que les analyses auraient démontré que les palmipèdes en question étaient sains.

"Le temps nous a donné raison", ne cesse de répéter Panpi Saint-Marie, le secrétaire général du syndicat, "il n’y a pas eu de canard malade dans ces exploitations". La vice-présidente de la Communauté d’agglomération Pays Basque chargée de la transition écologique, Martine Bisauta, un représentant de la Confédération paysanne et un vétérinaire seront appelés par la défense en tant que témoins, "pour prouver que nous avons agi avec du bon sens", affirme le syndicaliste. Et d’ajouter : "L’Etat adopte des mesures sans prendre en compte la réalité d’ici".

Depuis, la réalité des Lataillade, responsables du Couvoir de la Bidouze situé à Bidache, est que le chiffre d’affaires a baissé de 170 000 avant la crise à 70 000 euros. Beaucoup de producteurs landais qu’ils fournissaient ont abandonné la production. "Nous avons voulu nous démarquer des autres en produisant des espèces locales, mais la DDTP favorise le modèle industriel", regrette Alain Lataillade.

Lors du premier procès à Pau, l’éleveuse de Barcus Cathy Chabalgoity avait été relaxée et le syndicat paysan avait dû payer une amende de 5 000 euros et 2 000 euros de dommages et intérêts. Comme devant le tribunal de Pau, ELB lance un appel à la mobilisation devant celui de Bayonne, le jour du procès, à partir de 13h45.