Antton ETXEBERRI

Un tour de chauffe avant les municipales

EELV restera la surprise de ce scrutin en devenant la première force politique de gauche dans l’hexagone

Antton Etxeberri. © Sylvain Sencristo
Antton Etxeberri. © Sylvain Sencristo

Les élections européennes ont apporté leur verdict, avec une impression de déjà vu. Après six mois de contestation sociale dans les ronds-points de l’hexagone, le parti La République en Marche obtient à peu de choses près le même score que lors du premier tour de la présidentielle française. Ces derniers auront donc besoin de se conforter dans la politique qu’ils mènent depuis deux ans.

De son côté, le Rassemblement national confirme sa domination d’il y a cinq ans, lors de ce même scrutin européen. Présenté comme la seule liste capable de contrer Macron dans un duel que le Président français a défendu durant toute la campagne, le RN a sans doute bénéficié aussi de bulletins “sanction”, sans qu’ils soient forcément une adhésion aux idées xénophobes de ce parti.

Europe Ecologie Les Verts, qui avait déjà joué les premiers rôles il y a dix ans pour ces élections, restera la surprise de ce scrutin en devenant la première force politique de gauche dans l’hexagone. Le parti a réussi à capitaliser l’engagement de ces dernières années face à l’urgence climatique, notamment auprès de plus en plus de jeunes.

Les Républicains continuent à s’enfoncer, payant du positionnement très à droite de leur équipe dirigeante. Entre ceux qui refusent le choix de Wauquiez de placer en tête de liste l’ultra conservateur Bellamy qui a axé sa campagne sur l’identité et l’immigration, et ceux qui ont quitté le navire lors du naufrage présidentiel de Fillon et toutes ses casseroles il y a deux ans, il n’a pas été difficile pour les Marcheurs de convaincre et rassurer dans cet électorat de droite. Quant aux socialistes, ils rament encore deux ans après le fiasco qu’a représenté cette élection présidentielle et le champ de ruine que leur a légué les années Hollande. Ajoutez à cela la disparité des listes de gauche, il n’en fallait pas plus pour accueillir les partisans de la social-démocratie à la République en Marche, qui n’en demandait pas tant.

Quant à la France insoumise, Génération.s, ou le PC, leurs résultats décevants et parfois médiocres sont l’illustration que la division qui gangrène la gauche de la gauche depuis plusieurs années n’est pas prête de se résoudre. Sauf prise de conscience collective parmi leurs chefs de file… On n’y est pas.

Du côté du Pays Basque Nord, le constat est à peu près le même. Le parti présidentiel arrive en tête sur les trois provinces du Labourd, de la Basse-Navarre et la Soule. Son alliance avec le Modem y est pour beaucoup, ce dernier régnant en maître ces 20 dernières années sur l’ensemble du département. La surprise est ici aussi, sans aucun doute, les résultats de la liste EELV qui arrive seconde à l’échelle des trois provinces. Avec deux Basques présents dans cette liste, EELV a su mobiliser un large électorat, notamment au sein du mouvement abertzale dans toutes ses composantes. Son association avec le groupe Régions et Peuples Solidaires y a contribué.

Quant au Rassemblement national, il arrive en troisième position au Pays Basque Nord, avec un nombre de votants qui augmente, d’élection en élection. En cinq ans, c’est 3 400 électeurs de plus qui se sont tournés vers la liste soutenue par Le Pen, pour atteindre 17 387 électeurs ce dimanche.

Les Républicains, eux, perdent plus de la moitié de ses soutiens, notamment dans ses fiefs du Labourd (Anglet, Biarritz, St-Jean-de-Luz, Urrugne, Itxassou). Le PS, lui, perd un tiers de ses électeurs en cinq ans. A quelques mois des prochaines élections municipales, il est sûr que l’ensemble de ces données vont être étudiées à la loupe et risquent de rabattre les cartes concernant les futurs positionnements politiques. Un tour de chauffe...