Anaiz Aguirre Olhagaray

Langue basque : l’heure de la contre-attaque

La vigilance est de mise. Les récentes déclarations du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer ont jeté un trouble, mettant à mal des décennies de lutte pour l’enseignement immersif de la langue basque. Unies dans cette bataille, les cinq associations de la filière bilingue appellent ensemble à une nouvelle mobilisation le mercredi 5 juin à Saint-Jean-de-Luz.

La mobilisation populaire sera indispensable dans le combat pour la défense de l'euskara, pense Laida Etxemendi d'Euskara Geroan. © Bob EDME
La mobilisation populaire sera indispensable dans le combat pour la défense de l'euskara, pense Laida Etxemendi d'Euskara Geroan. © Bob EDME

"N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question", disait Simone de Beauvoir. Aujourd’hui, la même phrase pourrait être prononcée au sujet des droits linguistiques. Le Pays Basque a obtenu le droit à l’enseignement immersif de la langue basque au prix d’une lutte acharnée qui se compte en décennies. Cinquante ans d’un combat sans cesse renouvelé, à prouver, année après année, la légitimité des Basques à sauvegarder une langue millénaire et à assurer ainsi une diversité linguistique.

Pour la première fois, un front commun s’est constitué entre les cinq associations de la filière d’enseignement bilingue : Euskara Geroan, Ikas-Bi, Euskal Haziak, Biga Bai et Erakasleak ont adressé un courrier ce lundi 20 mai à l’attention des 233 élus communautaires de la Communauté d’agglomération Pays Basque, pour les alerter de leurs "très vives inquiétudes" quant à la situation de la langue basque, menacée par des déclarations plus qu’alarmantes ces dernières semaines de la part des ministres Jacqueline Gourault et Jean-Michel Blanquer.

Grosse mobilisation à venir

Début mai, les associations avaient également envoyé un courrier aux parents d’élèves, en appelant à leur vigilance et les enjoignant à exprimer eux aussi leur "inquiétude" et "désaccord, afin d’agir sur les décisions politiques". Laida Etxemendi, enseignante au sein de l’association Euskara Geroan, annonce la tenue d’une nouvelle mobilisation le mercredi 5 juin à 15 heures, devant l’inspection académique de Saint-Jean-de-Luz.

De l’insuffisance de postes d’enseignants à Seaska jusqu’au refus de classes maternelles en immersion dans les écoles publiques d’Irissarry, Anglet et Ainhoa, en passant par la "dévalorisation" du basque au lycée, relégué au rang d’option à faible coefficient… C’est à cause de l’intensité de ces "attaques", insiste Laida Etxemendi, que les cinq associations ont décidé d’unir leurs forces. La résistance s’organise aussi à l’échelle hexagonale. Les défenseurs de l’euskara devraient appeler à une grosse mobilisation dans les prochaines semaines.