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La Réunion : un enseignant sanctionné pour avoir parlé créole

Au cours d’une réunion pour un incident survenu en classe, un professeur d’école s’est vu interdire par l’inspecteur de s’exprimer en créole. Ce dernier lui a ordonné de poursuivre en français et l’a menacé de sanction s’il continuait à parler dans sa langue maternelle.

La Flarep, née à Bayonne en 1987, est présidée par Thierry Delobel (au centre).
La Flarep, née à Bayonne en 1987, est présidée par Thierry Delobel (au centre).

Le signalement a été donné par la Flarep (Fédération pour les langues régionales dans l’enseignement public). Un enseignant de l’école Laurent Vergès a été sanctionné par sa hiérarchie pour s’être exprimé en créole, lors d’une réunion avec l’inspecteur le 11 décembre 2018. Une pétition de soutien a été lancée sur la plateforme Avaaz, déjà signée par plus de 2 300 personnes.

Le rectorat a convoqué l’enseignant en avril dernier et lui a infligé un "avertissement solennel" pour refus d’obtempérer face à son supérieur hiérarchique. Celui-ci lui aurait intimé de s’exprimer en français, refusant de l’entendre dans sa langue maternelle qui est, rappelle la Flarep, celle de 80 % des élèves de l’île de la Réunion.

"L’enseignant est un professeur d’école habilité à enseigner dans la langue ‘régionale’ et à titre personnel, militant de l’égalité linguistique entre français et créole et pour un bilinguisme équilibré", explique la Flarep dans le texte de sa pétition.

La fédération d’enseignants juge cette situation "inadmissible" car "basée sur un motif linguistique", et s’interroge : "L’Éducation nationale retourne-t-elle à l’époque des hussards noirs de la République en sanctionnant les locuteurs de langues 'régionales' ou ce régime est-il réservé aux DOM ?".

La Flarep dénonce ainsi une attitude "scandaleuse" de l’administration éducative et formule deux demandes : la levée de l’avertissement contre l’enseignant créolophone et la diffusion de circulaires académiques, "reconnaissant l’usage par les enseignants des deux langues de la région dans l’exercice de leurs fonctions".