Goizeder TABERNA

Immersif : le ministre de l’Education revient sur ses propos

Après avoir tenu des propos polémiques au Sénat, Jean-Michel Blanquer loue les bienfaits du plurilinguisme et assure de l’engagement de l’Etat envers les langues dites "régionales", dans un communiqué.

Jean-Michel Blanquer s'est engagé auprès des élus à ce que le gouvernement accompagne les collectivités souhaitant développer les langues minorisées. © Bob EDME
Jean-Michel Blanquer s'est engagé auprès des élus à ce que le gouvernement accompagne les collectivités souhaitant développer les langues minorisées. © Bob EDME

Le ministre français de l’Education a remis en cause le modèle pédagogique de l’enseignement immersif en langues territoriales devant les sénateurs, jeudi 16 mai, lors de l’examen du projet de loi sur une école de la confiance. Une attaque en règle qui a mis encore plus en colère les associations déjà choquées par les propos tenus par la ministre des Territoires, Jacqueline Gourault, dans le même hémicycle. Une semaine plus tard, ce jeudi 23 mai, le ministre a cru bon clarifier sa position dans un communiqué.

Le modèle immersif a un intérêt, le plurilinguisme est bon pour l’élève et l’Etat soutient les langues "régionales". C’est en substance le message que Jean-Michel Blanquer a voulu transmettre. Il a fait remarquer que lors de l’examen de ce projet, il a eu l’occasion "de rappeler la richesse que constitue l’enseignement des langues régionales en France" et renvoie aux déclarations faites sur le sujet, aussi bien à l’Assemblée nationale qu’au Sénat.

"L’attractivité des langues régionales passe par les modalités d’enseignement innovantes. Chacun reconnaît l’intérêt du plurilinguisme pour le développement cognitif des enfants. Apprendre une autre langue ne nuit nullement à l’acquisition du français, bien au contraire", a-t-il affirmé, tout en relevant qu’une évaluation en cours devrait permettre de vérifier cela.

Quelques jours avant, ses déclarations étaient d’un autre ton. "D’un point de vue pédagogique, il y aurait eu beaucoup à discuter autour de ça. On pourrait arriver à dire que cognitivement, ce n'est pas si bon précisément si l'enfant est mis dans la situation d'ignorer la langue française", disait le ministre.

Dans son communiqué, il a développé sa pensée : "l’enseignement immersif est une modalité intéressante dès lors qu’elle respecte le cadre constitutionnel". Référence directe aux propos de la ministre Gourault remettant en cause la constitutionnalité de ce modèle pédagogique dans le public. Il a tout de même précisé : "Comme s’y est engagé le Premier ministre, nous soutiendrons les collectivités volontaires pour développer l’enseignement en langue régionale. Cet engagement figure dans le projet de loi pour une école de la confiance". Même dans l’ouverture de nouvelles classes immersives dans le public ? La question reste en suspens.

Le projet de loi sera examiné en commission mixte paritaire dans le courant du mois de juin. Jean-Michel Blanquer affirme avoir assuré le président de l’Assemblée nationale "que le gouvernement veillera à ce que l’engagement du Premier ministre envers les élus soit tenu dans le texte final". Il n'y a aucun doute que les associations aussi y veilleront.