Anaiz Aguirre Olhagaray

Musée Bonnat-Helleu : la crainte d’un “syndrome Atalante”

La vigilance est de mise au sein de l’opposition municipale de Bayonne. La facture de la rénovation du musée des Beaux-Arts a déjà augmenté par rapport à ce qui était prévu au départ. Si elle venait à grossir encore, comme cela a été le cas pour le nouveau cinéma L’Atalante, la Ville pourrait risquer de s’endetter sur la durée.

Aux dernières nouvelles, la réouverture du musée Bonnat-Helleu est prévue pour 2020.
Aux dernières nouvelles, la réouverture du musée Bonnat-Helleu est prévue pour 2020.

D’abord annoncée fin 2018, puis fin 2019, et enfin reportée en 2021. La date de la réouverture du musée Bonnat-Helleu, fermé pour travaux depuis huit ans, ne cesse de bouger. Le budget est passé de 17 à 21 millions d’euros. Légataire universelle du legs Paul-César Helleu, la Ville de Bayonne s’est vue notifier une mise en demeure le 8 février dernier, par l’association chargée de faire reconnaître l’œuvre du peintre. Une affaire dont s’est fait l’écho le Canard Enchaîné le 20 mars et qui anime les débats en conseil municipal. Lors du vote du budget primitif le 11 avril dernier, Baiona 2014 s’est abstenu, tandis que les deux autres groupes d’opposition (Demain Bayonne et Bayonne Ville Ouverte) ont voté contre.

À l’origine, le projet consiste à regrouper les réserves des trois musées de Bayonne (le musée Basque et de l’histoire de Bayonne, le musée Bonnat-Helleu et le muséum d’histoire naturelle de la plaine d’Ansot) sur un même site, à proximité du pôle des Archives départementales. Ce projet initial, qui devait répondre à des problématiques de conservation, "avait du sens" pour Jean-Claude Iriart (Baiona 2014). De 2011 à 2014, "près de 400 000 euros" sont même déboursés pour réaliser les études techniques, souligne-t-il.

Mais un "changement de cap important" intervient en 2015. La Ville renonce au projet de réserves mutualisées et décide d’utiliser l’espace de l’école du Petit Bayonne (jouxtant le musée) pour réaliser la réhabilitation et l’extension du musée Bonnat-Helleu. Problème : ce choix fait grimper le budget prévisionnel, qui passe ainsi de 17 à 21 millions d’euros. Il implique aussi la reconstruction de l’école primaire, ajoutant ainsi des dépenses supplémentaires. Jean-Claude Iriart pense que cette réorientation s’explique par "la volonté d’aller plus vite. Mais au final, ce n’est pas ce qui se passe". L’inconvénient, pour son groupe Baiona 2014, c’est que la question des réserves des deux autres musées reste "entière".

Le "syndrome Atalante"

Pour le groupe Demain Bayonne, la mandature de Jean-René Etchegaray est une "domino financier et décisionnel", avec beaucoup d’ "effets d’annonces" mais une anticipation hâtive des projets. Mathieu Bergé n’hésite pas à parler d’un "syndrome Atalante" et tire la sonnette d’alarme : si la "dérive financière" est "du même ordre" que dans le cas du nouveau cinéma, la ville "s’endetterait non pas sur un mandat, mais sur deux mandats". Le groupe soulève un autre problème, celui de la "transparence sur l’action publique", regrettant que les élus municipaux et les habitants ne soient pas davantage consultés sur les grands chantiers de la Ville.

Chef de file du groupe Bayonne Ville Ouverte, Henri Etcheto adhérait lui aussi au projet initial. Dans sa lettre d’information du 30 avril, l’opposant parle d’ "amateurisme" et de "reniements successifs de la municipalité" sur ce dossier. "L’affaire avait été engagée par la précédente municipalité. Elle coûtait quatre à cinq millions d’euros et aurait pu être réglée depuis longtemps". L’élu a dans son viseur la médiathèque du centre-ville, dont les travaux de rénovation au "coût surdimensionné" doivent débuter prochainement.

Les services publics en priorité

La population bayonnaise augmente à un rythme soutenu. Entre 1 000 et 1 500 nouveaux habitants s’y installent chaque année. Pour la municipalité, c’est une "aubaine fiscale", ironisent les membres du groupe Demain Bayonne. Sauf que pour eux, elle n’est pas utilisée à bon escient. "Il faut accompagner la densification de services de proximité", défend Sophie Herrera-Landa. Jean-Claude Iriart ne dit pas autre chose : "Même si on peut arriver à faire mieux avec autant, dans une phase de forte croissance démographique, c’est important de veiller aussi au niveau de service public que la collectivité assure au quotidien pour ses habitants". Sollicitée à plusieurs reprises, la Mairie de Bayonne n’a pas répondu aux questions de MEDIABASK.