AINHOA AIZPURU

Sondage : la droite espagnole s'efface du Pays Basque Sud

Le CIS, centre de recherche sociologique du gouvernement espagnol, a publié un important sondage avec les intentions de vote pour les élections générales du 28 avril. Les résultats montrent que le Parti socialiste espagnol (PSOE) obtiendrait une ample victoire et pourrait former un gouvernement sans les indépendantistes catalans. Au niveau de la Communauté autonome basque, la droite espagnole disparaîtrait.

P. Sanchez a convoqué les élections suite à la non approbation des budgets présentés par son gouvernement.
P. Sanchez a convoqué les élections suite à la non approbation des budgets présentés par son gouvernement.

Mardi 9 avril, un grand sondage effectué par le CIS espagnol a été publié. Il s’agit d’un travail d’une grande ampleur, puisque plus de 16 000 interviews ont été réalisés, alors que la plupart des sondages n'en comptent que quelques milliers. Effectuée entre le 1er et le 18 mars, l’étude prédit une victoire ample pour le PSOE du président sortant Pedro Sanchez, qui aurait la majorité suffisante pour former un gouvernement avec Podemos, le PNV et le parti de gauche valencien Compromis. En plus de cela, plusieurs éléments importants sont à retenir.

Tout d’abord, le sondage confirme que le nombre d’électeurs n’ayant pas encore tout à fait décidé le sens de son vote est très élevé. La fiche technique du sondage prévient que les résultats annoncés sont sujets à caution car plus de 40% des interviewés n’ont pas arrêté leur choix. Convaincre ces indécis devient donc l’objectif principal de la campagne électorale qui a débuté ce dimanche 14 avril.

Ensuite, il faut rappeler que dans un système parlementaire comme l’espagnol, ce sont les députés qui sont votés et non pas directement le président. Le parti qui obtient la moitié plus un, 176 sièges sur 350, peut alors former un gouvernement. Sur les 350 sièges de députés, le PSOE apparaît à la première place avec 30,2% des intentions de vote et entre 123 et 138 députés. Les socialistes, actuellement au gouvernement, font une forte poussée car ils ne comptent que 84 députés actuellement.

A la deuxième place, le Parti populaire (PP) de droite, qui obtient entre 66 et 76 députés avec 17,2% de voix. Il s’agit d’un résultat catastrophique pour les conservateurs, qui avaient obtenu 133 sièges en 2015 et 186 en 2011. La troisième place est disputée entre Ciudadanos, avec 13,6% et entre 42 et 51 sièges, Podemos avec 12,9% et entre 33 et 41 députés et même le nouveau parti d’extrême droite Vox qui entrerait au Parlement avec 11,9% et entre 29 et 37 fauteuils.

Dans cette situation, le PSOE pourrait former un gouvernement avec l’appui de Podemos, du PNV et de Compromis, le petit parti de gauche valencien. Cela veut dire que Pedro Sanchez pourrait être président sans avoir besoin du soutien des indépendantistes catalans qui exigent un référendum d’autodétermination en échange de leurs voix. Les socialistes pourraient aussi s’allier avec le centre-droit de Ciudadanos, mais cette possibilité est moins probable après la droitisation de son leader Albert Rivera.

La situation particulière du Pays Basque Sud

Le sondage du CIS a également fait état de la singularité politique du Pays Basque Sud. La Communauté autonome basque dispose de 18 députés sur les 350, dont 8 en Bizkaia, 6 en Gipuzkoa et 4 en Araba. Sans surprise, c’est le PNV qui serait le parti le plus voté, avec 6 députés, suivi du PSOE avec 4 sièges, de EHBildu avec 3-4 députés et de Podemos avec 3-4. Cela dessine une réalité singulière, car en pleine vague de droitisation de l’Etat espagnol il s’agit de la seule communauté autonome où la droite espagnole n’obtient aucun député.

Ciudadanos et Vox, farouchement nationalistes espagnols et opposés à l’autonomie basque, n’ont jamais vraiment eu d’espoirs au Pays Basque. La chute du PP est plus remarquable car il obtenait des bons scores notamment en Araba où il compte actuellement deux sièges. Il semblerait que l’électorat conservateur basque, rebuté par le virage du PP vers des positions de l’extrême droite, préfère se réfugier dans le conservatisme plus modéré du PNV.

En Navarre, les résultats montrent l’extrême polarisation de la société. Sur les 5 députés à partager, le PSOE en obtiendrait 2 et Podemos un autre. Navarra Suma, la coalition de droite entre UPN (conservateurs navarrais), le PP et Ciudadanos, obtiendrait 1 ou 2 sièges, alors que EH Bildu pourrait en obtenir un.