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Grande America : l’histoire n’aurait pas dû se répéter

Le Grande America a sombré à 4 600 mètres de profondeur. © Farid MERNISSI
Le Grande America a sombré à 4 600 mètres de profondeur. © Farid MERNISSI

Depuis maintenant plusieurs semaines, l’ensemble d’une région retient son souffle. Tâchées par les souvenirs noirs de ces dernières décennies, les côtes françaises de l’Atlantique ne portent pour l’heure aucun stigmate visible de cette tragédie maritime. L’ensemble des organismes européens et des autorités ont su se mobiliser afin de réagir efficacement pour contenir la pollution d’hydrocarbures émanant du Grande America.

En effet, les opérations de dépollution qui ont pu reprendre depuis samedi 30 mars au matin, après avoir été arrêtées pendant plusieurs jours à cause des mauvaises conditions météorologiques, ont permis de fractionner et disperser les nappes d’hydrocarbures selon la Préfecture Maritime Atlantique. La pollution se déplacerait désormais vers l’Espagne.

Cependant, ce type d’événement doit être évité notamment dans ce cas présent où le navire présentait des signes alarmants alors qu’il transportait un ensemble de cargaisons dangereuses. Construit en 1997, le Grande America transportait 2200 tonnes de fuel lourd de propulsion, 365 conteneurs, dont 45 répertoriés comme transportant des matières dangereuses (100 tonnes d’acide chlorhydrique et 70 tonnes d’acide sulfurique) et 2000 véhicules. 

Il avait été retenu en 2010 au Royaume-Uni pour une série de déficiences techniques et depuis, avait été ciblé pour plusieurs problèmes techniques dont une relative aux normes incendies. Le navire roulier hybride (transport de véhicules et de conteneurs) italien Grande America s’est embrasé et a coulé à 300 km à l’ouest des côtes françaises. L’enquête révèlera les causes techniques et les facteurs humains de cet accident.

Surfrider Foundation Europe lut-te pour une prévention de ces pollutions dramatiques pour l’environnement. Car si la pollution hydrocarbure visible est pour l’instant éloignée des côtes, la pollution invisible mais pas moins inquiétante propre aux produits dangereux et toxiques transportés dans les conteneurs reste, elle, bel et bien présente dans les profondeurs océaniques causant des dommages sur ces écosystèmes fragiles.

Depuis 29 ans d’existence, Surfrider Foundation Europe s’est engagé dans un combat politique et juridique en matière de transport maritime. Telle une vocation, l’ONG a développé une expertise dans le domaine du transport maritime, notamment sur la problématique des pollutions par les navires.

Une prise de position qui amène Surfrider Europe à porter plainte contre l’armateur italien et le capitaine du navire. Elle va se constituer partie civile dans le cadre des poursuites engagées par le Parquet afin de s’assurer que les pollueurs soient condamnés à la hauteur des dégâts environnementaux générés pour l’océan, sa biodiversité, et les côtes.

Dans le but ultime d’améliorer la réglementation du transport maritime international, Surfrider Europe fait appel à votre soutien à travers cette pétition pour montrer aux autorités publiques, à nos gouvernements nationaux et internationaux, aux instances maritimes mondiales mais également aux armateurs et professionnels du secteur maritime qu’il n’est pas acceptable de connaître de telles catastrophes environnementales, et que des sanctions exemplaires devront être prises.

Surfrider Europe demande aujourd’hui aux autorités publiques européennes et internationales le renforcement de la réglementation internationale en matière de transport maritime lié à la perte de conteneurs.

Cela passe par plus de transparence sur la perte de conteneurs en mer et l’instauration d’un système de déclaration de perte. Depuis 1994, Surfrider a répertorié et tracé plus de 16 000 conteneurs perdus en mer dont à peine 2% ont pu être récupérés.

Enfin, il est primordial d’assurer plus de contrôles sur la qualité des navires et interdire la navigation des navires vétustes pour éviter les catastrophes écologiques comme celle de l’Erika il y a 20 ans et du Grande America aujourd’hui.

Surfrider Europe présentera la pétition aux représentants de tous les Etats lors de la prochaine réunion de l’OMI (Organisation Maritime Internationale) qui se tiendra en mai. Plus que jamais, votre voix compte pour soutenir l’action de Surfrider  Europe et augmenter le poids de nos revendications