Xan Idiart

Les féministes investissent le Leclerc à Anglet

Ce vendredi 8 mars, une quarantaine de femmes ont dénoncé une publicité de la firme jugée selon elles sexiste.

Le cortège a déambulé dans les rayons du Leclerc d'Anglet. © Bob Edme
Le cortège a déambulé dans les rayons du Leclerc d'Anglet. © Bob Edme

Parking du Leclerc à Anglet, 16 heures. Une quarantaine de femmes arrivent au compte-goutte et se rassemblent devant les portes du magasin. En cette journée du 8 mars, aucune n'a voulu laisser passer une affiche, pensée par le magasin, à leur intention. -20 % sur le maquillage, les fleurs et la vaisselle, avec une ménagère tout droit sortie des années 50 pour représentation. Non, le bon goût ne s'achète pas chez Leclerc.

"Alors, c'est quoi cette petite manifestation ?" Flanqué de deux agents de sécurité, un homme en chemise blanche cravate grise vient à la rencontre des féministes. Ironique, l'une d'elle lui certifie être intéressée par l'annonce. "On vient faire des courses". Le responsable du magasin tente de rester calme, mais son malaise est palpable. Et le pauvre n'est pas encore au bout de ses peines.

Des bandeaux rouges et violets noués autour du front, mégaphones au menton, les manifestantes poussent les portes du Leclerc. Les slogans fusent. "Gora borroka feminista !" (vive la lutte féministe, en basque). "Vos réductions, on n'en veut pas !" Le cortège déambule entre les rayons et arrache partout où elle le peut, les publicités faisant l'éloge de la femme ménagère, uniquement bonne à consommer.

"On veut faire plaisir aux femmes"

L'homme en chemise blanche s'énerve définitivement. Alors que la manifestation bat son plein, il tente d'arracher de force une pancarte à une des femmes. Elle ne se laissera pas faire, et la tension monte encore d'un cran. De son côté, ce n'est pas une pancarte mais la banderole que le PDG de Leclerc essaye de dérober. Pour lui aussi, ce sera un échec cuisant. "J'en ai rien à cirer", répondra-t-il aux journalistes qui veulent lui poser des questions sur les raisons de l'affiche.

"On veut faire plaisir aux femmes", se défend finalement l'homme à la chemise blanche. "Vous n'achetez rien à Noël ou la St-Valentin ?" Une "explication qui aura au moins le mérite de faire rire ses interlocutrices. Malheur. Ce responsable se montre alors condescendant. "Et puis on fait ce qu'on veut chez nous". Quand une féministe lui tend un tract, "c'est en français au moins ?" fera-t-il semblant de s'inquiéter. Et d'assurer que Leclerc est attaché aux droits des femmes. Pour preuve, elles sont plus nombreuses que les hommes à travailler… le dimanche matin. Non, vraiment, tout va bien.