Michaëlla CLAPISSON

Droit des femmes, ce long chemin jusqu’à l’égalité

Des milliers de femmes manifestaient dans les rues de Gasteiz le 8 mars 2018. (Juanan RUIZ/FOKU)
Des milliers de femmes manifestaient dans les rues de Gasteiz le 8 mars 2018. (Juanan RUIZ/FOKU)

De la déclaration des droits de la femme et de la citoyenne d’Olympe de Gouges qui posait comme principe : “la femme naît libre et demeure égale en droits à l’homme” en 1791, en passant par la première journée internationale des femmes en mars 1911, qui réunissait plus d’un million de femmes en Europe et aux États-Unis pour exiger le droit de vote, le droit d’occuper des fonctions publiques, le droit à la formation ; au mois de mars 2019, marche après marche, y compris celles qui conduisirent Olympe de Gouges à l’échafaud, il semblerait que nous soyons en France au milieu du gué en matière d’égalité entre les femmes et les hommes.

Les dernières marches sont sans doute les plus âpres à gravir tant le cynisme ambiant et les freins sont nombreux. Les programmes pour l’égalité “réelle” (l’adjectif pourrait faire sourire), les belles paroles et les grands discours se heurtent au sexisme rampant, aux petites vexations, aux plaisanteries à sens unique “Et bien quoi ? On peut plus rigoler ?” ; aux plus grandes violences, celles qui nient et assujettissent le corps des femmes. Pourquoi est-il si difficile de mettre fin à la domination exercée par une moitié de l’humanité sur l’autre ?

Aujourd’hui, des vents contraires soufflent leur lot de remises en question. Ils nient le droit inaliénable des femmes à disposer d’elles-mêmes. Les prières de rue contre l’IVG à Bayonne en sont une illustration. Sur le plan national, les reports répétés d’une loi ouvrant à l’accès à la PMA pour toutes les femmes en sont une autre.

En ce mois de mars, nous, femmes de l’association Les Bascos (association LGBT du Pays-Basque) souhaitons faire porter notre voix singulière.

L’égalité se mérite ?

Le 22 mars*, nous organisons une table ronde intitulée “Parcours de Championnes, un combat au féminin ?”. Nos invitées*, toutes sportives de haut niveau, sont des femmes d’exception. Aujourd’hui, le discours ambiant semble indiquer que le droit à l’égalité se mérite, “Si tu veux tu peux… ” Aussi, nous nous demandons si elles ont été confrontées dans leurs parcours exemplaires à des écarts de traitement, si leur volonté farouche à pratiquer un sport exigeant leur a permis de bousculer les préjugés, de faire reculer les peurs, de prendre toute leur place dans leurs disciplines respectives à part égal avec les hommes.

De l’émancipation des femmes

Le 30 mars à Bayonne et le 31 mars à Bizanos, nous organisons deux spectacles de théâtre avec la compagnie SiphonArt et mettons en lumière les combats d’Emma Goldman (1869- 1940), féministe et anarchiste. Emma Goldman, dont la pensée est étonnement contemporaine, prône la liberté amoureuse. Touchée par la condition des femmes de la classe ouvrière aux Etats-Unis, elle fait la promotion de méthodes contraceptives, ce qui est totalement interdit. Elle soutient tous les amours, défend les droits des homosexuels. Devenue apatride, elle lutte sans relâche et sans complaisance, au prix de sa propre liberté, contre toutes les oppressions et pour l’égalité des droits. Elle écrit : "Je veux la liberté, je veux que chacun ait le droit de s’exprimer et que chacun ait accès aux choses belles et radieuses."

Nous soutenons également une association de solidarité internationale “Muso Ka Yele - Sourires de femmes” dont l’objectif est d’apporter, à une quarantaine de femmes de communautés rurales du Burkina Faso en situation d’extrême pauvreté, une aide qui contribue à satisfaire leurs besoins fondamentaux. Cette aide ne se substitue en aucun cas à l’autodétermination des femmes, elle se résume essentiellement à financer des programmes de formation (agroécologie, planification familiale, hygiène, gestion financière) et à fournir une aide matérielle pour permettre la réalisation d’activités génératrices de revenus. Elle est un levier valorisant la force de travail des femmes. Les bénéficiaires sont ainsi actrices de leur propre développement et contribuent à celui de leur communauté (http://musokayele-souriresdefemmes.org/).

Nous pensons ainsi faire notre part, modestes et résolues, sur ce long chemin jusqu’à l’égalité.

* Grand salon de la mairie de Bayonne le 22 mars à 17h45.

* Nicole Abar - Football - initiatrice des ABCD de l’égalité ; Perle Bouge - aviron - médaillée argent et bronze aux JO ; Maritxu Housset-Chapelet - pelote - quintuple championne du monde ; Delphine Plantet - rugby- 2e joueuse mondiale ; Céline Ferrer et Céline Heguy - rugby- internationales françaises.