Anaiz Aguirre Olhagaray

Les Kolapsonautes se préparent à l’effondrement

De plus en plus médiatisée, la théorie de l’effondrement a trouvé un écho au Pays Basque. Nouvellement créée, l’association des Kolapsonautes commence à anticiper, matériellement et psychologiquement, un monde qui ne ressemblera plus à celui que l’on connaît aujourd’hui.

Les Kolapsonautes veulent apprendre à s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique. © Bob EDME
Les Kolapsonautes veulent apprendre à s’adapter aux conséquences du dérèglement climatique. © Bob EDME

Frissons garantis. Mieux qu’un thriller, la collapsologie a de quoi légèrement faire peur, au premier abord. L’étude de l’effondrement de notre civilisation (de l’anglais ‘to collapse’, qui signifie ‘s’effondrer’) commence néanmoins à être largement documentée et médiatisée, et trouve un écho auprès du grand public. Pablo Servigne, Gaël Giraud, Dimitry Orlov, Vincent Mignerot… Autant de spécialistes de l’effondrement qui ont inspiré les fondateurs des Kolapsonautes, l’association de collapsologie du Pays Basque et du sud des Landes.

D’après l’ancien ministre et "collapsologue" Yves Cochet, l’effondrement est "possible" avant 2020, "probable" avant 2030 et "quasi-certain" avant 2035. Du court, voire très court terme, donc. "Nous les Kolapsonautes du Pays Basque et du Sud des Landes, on s’inscrit dans cette dynamique au niveau local. Plusieurs personnes qui se sentaient un peu seules par rapport à toutes ces informations-là se sont retrouvées, ont ouvert les yeux sur cette situation difficile, et se sont dit qu’il fallait se rassembler pour se libérer de ce que chacun avait dans le ventre", explique le président de l’association, Régis Dacharry.

S’en sortir collectivement

Les Kolapsonautes se sont fixé trois objectifs : se préparer à l’effondrement, en parler, et sensibiliser les "décideurs" (administrations, élus, responsables associatifs). "Nous sommes persuadés que dans les cinq, dix, quinze ans à venir, les besoins vitaux ne seront plus satisfaits par les services encadrés par l’État. On essaie d’en déduire au niveau concret ce que cela va signifier pour nous. On a envie d’anticiper et de se préparer. Et si demain il n’y avait plus rien à manger ? Si les transports étaient bloqués ? On réalise qu’au niveau du Pays Basque, une grosse majorité de l’alimentation est importée de l’extérieur. L’idée est d’essayer d’augmenter le niveau d’autonomie dans plein de domaines de la vie". Pour les Kolapsonautes, "il faut absolument chercher à mettre en place des collectifs, en se réappropriant tous les savoir-faire qui ont été perdus, à cause de la mondialisation".

Clap de fin pour le monde tel que nous le connaissons. La prise de conscience peut être brutale, et cela fait mal. "Il y a des gens qui dépriment du fait d’avoir découvert cette thématique de l’effondrement. Cela n’est pas de notre faute. C’est une telle charge émotionnelle quand on rentre dans ces perceptions-là… En parler entre nous peut aider à remonter le moral. Un bon truc, c’est d’organiser des sessions collectives d’écoute", poursuit Régis.

Sensibiliser les décideurs

"On ne va pas viser le grand public car on estime qu’aujourd’hui, les informations sont largement disponibles. On souhaite rencontrer les élus, administrateurs et responsables associatifs pour essayer de les sensibiliser à tout cela". À la problématique de l’eau, par exemple : "L’Agglo a pris la compétence ‘eau potable’. Mais si elle n’anticipe pas des phases d’effondrement, ce sera très compliqué. Il faudrait que les responsables d’approvisionnement en eau potable intègrent la possibilité et la probabilité d’effondrement, même s’ils pensent qu’elle est faible, pour sécuriser et anticiper", estime le président des Kolapsonautes.

D’ores et déjà, l’association a organisé deux ateliers sur les thèmes de la sobriété et du jeûne. "On pense qu’il y a des bénéfices sur la santé et qu’il va falloir s’habituer à passer plusieurs jours sans manger". D’autres sessions sont prévues autour de la permaculture, la création de potagers, la plantation d’arbres. "On va aussi travailler à la mode survivaliste. Par exemple, en apprenant à se débrouiller en forêt". Une randonnée en montagne est programmée, "sans smartphone, juste avec une carte et une boussole, pour réapprendre à se déplacer sans technologie".

Site internet des Kolapsonautes du Pays Basque et du Sud des Landes.