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Changer de logiciel sur le grand âge

Les acteurs du territoire ont réfléchi à la façon de mieux répondre aux besoins des personnes âgées. Une population de plus en plus importante, dans un secteur très en retard.

A l'avenir, le groupe de réflexion pourrait faire de la veille ou faciliter localement le dialogue citoyen sur la question du grand âge. © Guillaume FAUVEAU
A l'avenir, le groupe de réflexion pourrait faire de la veille ou faciliter localement le dialogue citoyen sur la question du grand âge. © Guillaume FAUVEAU

"On parle beaucoup des seniors, mais le grand âge, c’est l’isolement, la dépendance et la maladie. Il faut que ça bouge !". Administrateur de France Alzheimer et membre du Conseil de développement du Pays Basque, Philippe Tizon a participé avec une vingtaine d’acteurs du secteur de la santé et d’élus au groupe de travail "Grand âge et autonomie", mis en place par le député Vincent Bru (Modem). La synthèse de ces travaux a été présentée lundi 18 février, au siège de Santé Service à Bayonne.

Rendre possible la douche quotidienne, augmenter le ratio de personnel soignant, favoriser l’échange intergénérationnel, développer la télémédecine, changer le mode de financement des maisons de retraites… la liste des propositions est longue. C’est le fruit de huit réunions de réflexion lancées au lendemain de deux grèves, inédites dans le secteur, du personnel des Ehpad en 2018.

Dans ce groupe pluridisciplinaire, chacun a apporté son regard sur le vieillissement et la prise en charge de cette population croissante. Elle sera trois fois plus importante d’ici 2050 avec 4,8 millions de personnes de plus de 84 ans dans l’Etat français. L’enjeu est important tant au niveau des personnes concernées que de leur entourage, voire du territoire.

Les participants pointent du doigt le retard pris dans ce domaine par l’Etat français et attendent beaucoup du Plan grand âge promis par la ministre de la santé, Agnès Buzyn. La réflexion animée localement par Vincent Bru pourrait alimenter la concertation ouverte par la ministre. En tout cas, la synthèse des travaux a été transmise à son ministère, à l’Agence régionale de la santé, au préfet, au sous-préfet et au Conseil de développement.

Un secteur créateur d’emplois

Le contenu se décline en dix thèmes à travers lesquels le grand âge est vu d’une manière plus humaine, mais aussi comme une population ressource, un secteur créateur d’emplois et dans lequel l’innovation technologique a de l’avenir. Tout le contraire de l’image que l’on s’en fait. "Nous devons changer le regard que l’on porte sur le vieillissement et sur les Ehpad", affirme Carine Iribarren, directrice de l’établissement Bon Air de Cambo.

Là est probablement la clé, car tout le reste coulerait de source. Notamment le financement. Alors que les personnes âgées représentent une population de plus en plus difficile, "il faut une dose d’humanité, il faut chouchouter les soignants", estime le docteur Caupenne, médecin coordonnateur en Ehpad. La revalorisation des aides soignantes est dans la bouche de tous les participants. Cela réduirait peut-être la demande de contrats courts de la part des intéressées.

Dès lors, des pistes sont proposées pour trouver de nouvelles sources de financement, mais aussi une autre distribution des subventions. "Il n’est pas normal que les établissements privés lucratifs bénéficient des mêmes aides que dans le public ou dans l’associatif", reconnaît le député. Le groupe propose donc un "nouveau contrat" pour que les grands groupes commerciaux ne continuent pas à faire 600 000 euros de bénéfice par an alors que les autres sont, selon l’expression du directeur d’Ehpad Koldo Robles, "sur la corde raide".