Anaiz Aguirre Olhagaray

Ligne Bayonne–Garazi : les cheminots contestent le nouveau plan de transports

Prévu pour être mis en place fin 2019, le projet de nouveau cadencement de la ligne ferroviaire entre Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port ne convient pas aux cheminots. Les trois organisations syndicales LAB, CGT et Sud Rail, qui n’ont pas été associées à son élaboration, contestent le Plan de transports, alors même qu’en mars 2018, la Communauté d’agglomération Pays Basque (CAPB) formulait une proposition proche de leur contre-projet.

Thomas Giacomini, aiguilleur syndiqué à LAB, présente le contre-projet des cheminots. © Bob EDME
Thomas Giacomini, aiguilleur syndiqué à LAB, présente le contre-projet des cheminots. © Bob EDME

C’est au nom de la défense du climat, de la qualité de l’air et "pour sortir les gens de leur voiture" que les cheminots de LAB, CGT et Sud Rail s’opposent au Plan de transports prévu par la SNCF. Celui-ci doit redéfinir le cadencement de la ligne ferroviaire reliant Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port à l’horizon fin 2019. En mars 2018 pourtant, l’Agglo présentait une copie proche du contre-projet porté par les cheminots. Pour eux, le Plan ne bénéficie pas aux usagers et aux étudiants, alors qu’ils estiment que c’est une ligne au potentiel énorme.

Actuellement, le train effectue quatre aller-retour du lundi au vendredi. Le nouveau plan envisagé par la SNCF, la Région Nouvelle-Aquitaine et la Communauté d’agglomération Pays Basque maintient la même cadence entre Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port et ajoute quatre aller-retour entre Bayonne et Cambo.

Problème : pour les cheminots, ce cadencement a pour conséquence un "désert ferroviaire" entre 9 heures et 16 heures et favorise la desserte de Cambo (en zone périurbaine) au détriment de Saint-Jean-Pied-de-Port. Dans leur contre-projet, ils proposent cinq aller-retour entre Bayonne et Saint-Jean-Pied-de-Port et trois aller-retour entre Bayonne et Cambo.

Pour le conseiller régional Mathieu Bergé, qui a suivi le dossier de près, "on multiplie quasiment par deux le tronçon Cambo-Bayonne, qui est le plus urbain. Du coup, on permet de faire du domicile-travail de manière efficace, avec un cadencement important". L’élu assure que la Région et le Syndicat des mobilités sont "convaincus que c’est un axe structurant pour la mobilité douce à l’avenir" mais qu’il va falloir "convaincre nos concitoyens d’abandonner leur voiture pour monter dans le train".

L’offre peut évoluer

"Un travail politique et technique a été mené", explique-t-il. "Nous avons rencontré l’ensemble des maires sur la ligne, qui ont évoqué eux-mêmes leurs besoins et leurs attentes. Il y avait notamment la nécessité de proposer du domicile-travail dans les deux sens, aux heures d’embauche le matin et le soir. Du coup, au regard de l’ensemble de ces demandes, une commande a été passée à SNCF Mobilités, qui nous a ensuite présenté un projet de développement de l’offre". Pointant des "contraintes techniques, qui font que l’offre est comme celle-là", l’élu régional précise que la programmation ferroviaire peut être modifiée chaque année. L’offre a donc "vocation à évoluer".

Si les usagers n’ont pas été consultés par le biais d’une enquête, comme le regrettent les syndicats, c’est qu’il y avait "une volonté politique d’aller vite sur ce dossier", indique Mathieu Bergé. La demande des cheminots lui semble être une "contribution positive au débat", mais la Région et le Syndicat des mobilités ont fait preuve d’un "positionnement politique fort".

SNCF Mobilités a le dernier mot

Quant à la Communauté d’agglomération, elle répond que "le projet de redynamisation de la ligne ferroviaire de Bayonne-Garazi relève de la maîtrise d’ouvrage de SNCF Mobilités, SNCF Réseau et la Région Nouvelle Aquitaine". Le Syndicat des mobilités et la CAPB ne sont en "aucune façon décisionnaires" et n’ont aucune compétence sur l’organisation des dessertes et les infrastructures ferroviaires. Ils se disent en revanche "ouverts au dialogue sur ce dossier stratégique pour le territoire Pays Basque" et continueront "d’être forces de proposition".