Iurre BIDEGAIN

Un conte pour expliquer la séparation mère-enfant en prison

Le conte “Maritxipi eta Amatxo” est un outil pour expliquer aux enfants la séparation à laquelle ils font face lorsqu’à trois ans, ils doivent quitter leur mère emprisonnée.

Oihana Mujika, mère de Mikel Orbegozo, Sara Majarenas et Joxemari Carrere, lors de la présentation du livre. (@sare_herritarra)
Oihana Mujika, mère de Mikel Orbegozo, Sara Majarenas et Joxemari Carrere, lors de la présentation du livre. (@sare_herritarra)

Le troisième anniversaire des enfants des prisons n’est pas un motif de célébration. A trois ans, ils sont obligés de quitter la prison et de se séparer de leur mère. Une situation à laquelle aurait dû faire face la fille de Sara Majarenas, mais suite à l'agression de la petite Izar par son ex compagnon, cela s'est passé autrement. Mère et fille ont vécu la dernière année de peine ensemble dans un appartement de Madrid.

Avant que tout cela ne se passe, la prisonnière avait écrit le conte "Maritxipi eta Amatxo" pour sa fille, afin de lui expliquer la séparation à venir. Un récit traduit en image par le prisonnier Mikel Orbegozo et dans lequel l'écrivain Joxemari Carrere a aussi participé.

Le chemin n’a pas été facile. Après l’écriture du conte, les dessins de Mikel Orbegozo ont franchi tous les obstacles à travers des courriers envoyés de prison à prison. Comme l'explique Sara Majarenas, les lettres doivent passer des contrôles et peuvent mettre deux mois avant d'arriver à destination. "Le risque de perte existe, mais il faut oser", dit-elle.

Ce conte publié par l’association Sare veut être un outil pour toutes ces mères qui se trouvent derrière les barreaux. "Beaucoup de personnes nous ont félicités car elles ressentaient un manque dans ce domaine. Le manque sera toujours là, car il reste beaucoup de travail à faire", déplore-t-elle. L’association va envoyer le conte aux mères emprisonnées avec leurs enfants.

Les enfants ainsi que les mères qui l'ont lue se sont sentis très identifiés avec l’histoire. "Nous avons beaucoup de choses en commun, comme le fait de dire à nos enfants que lorsqu'ils regardent la lune ils pensent à leurs parents qui sont en prison". L’histoire a aussi plu à Izar qui l’a tout de suite comprise. La première chose qu'elle a dite, c'est : "Maritxipi n’existe pas, Maritxipi c’est moi".

En prison, l’imagination et le fait de garder le sourire sont fondamentaux pour Sara Majarenas. "En gardant cela à l'esprit, nous ne seront jamais emprisonnés. Ils ne pourront jamais nous incarcérer car nous serons toujours libres", s'exclame-t-elle.

Cela fait quelques mois que Sara Majarenas et sa fille sont sorties de prison. Depuis, elles essayent de s’adapter au rythme "effréné" de la vie. La petite Izar a vécu beaucoup de changements en trois ans de vie, mais selon sa mère, grâce au soutien reçu de ses amies du Pays Basque et de ses proches, la période actuelle est, sans doute, la "plus douce".

Le conte "Maritxipi eta amatxo" est disponible à cinq euros dans le site Sare.eus.