AINHOA AIZPURU

Malaise à la médiathèque de Saint-Jean-de-Luz

Une affaire de harcèlement au travail entache actuellement l’image de la médiathèque municipale de Saint-Jean-de-Luz. Soupçonnés, cinq agents ont été mis à pied à titre préventif. Eux réfutent formellement ces accusations.

Bien que suspendus de leurs fonctions, les cinq agents continuent de recevoir leur rémunération en attendant les conclusions de la procédure disciplinaire.
Bien que suspendus de leurs fonctions, les cinq agents continuent de recevoir leur rémunération en attendant les conclusions de la procédure disciplinaire.

Les quinze agents de la médiathèque de Saint-Jean-de-Luz ont vécu une fin d’année mouvementée. En ce début d’année, la situation ne semble pas s’être tranquillisée. Cinq d’entre eux, suspendus de leurs fonctions durant le mois de novembre pour soupçons de harcèlement, contre-attaquent aujourd’hui par le biais de leur avocate.

Anne-Marie Mendiboure explique : "Mes clients sont suspendus de leurs fonctions depuis le 16 novembre dernier. Après avoir été convoqués devant cinq représentants de la Mairie, dont le maire, on leur a demandé de quitter leur bureau, toutes affaires cessantes". Les employés, "mis à la porte" dans le cadre d’une procédure disciplinaire, n’auraient pas été informés sur le moment, du motif de cette décision. Seul l’allusion à un problème de souffrance au travail aurait été évoquée. L’avocate précise que ses clients savaient qu’un audit sur des risques psychosociaux était en cours depuis septembre. "Un audit qui concernait l’ensemble des salariés et dans lequel mes clients avaient eux-mêmes manifesté leur souffrance au travail" souligne-t-elle.

"Traumatisés par cette situation"

Les cinq agents de la médiathèque ont, deux semaines après leur mise à pied, reçu "un rapport complètement à charge" d’un expert en risques psychosociaux qui les mettait en cause et demandait leur éviction. A-M. Mendiboure indique : "Nous avons souhaité nous exprimer publiquement étant donné que la municipalité l’a déjà fait tout en faisant référence à 'un harcèlement moral d’envergure'". Aujourd’hui, les cinq agents incriminés ont souhaité faire savoir qu’ils niaient complètement les faits qui leur sont reprochés. L'avocate rappelle qu'ils sont toujours présumés innocents. Elle regrette "la violence extrême" de la procédure qui leur est infligée et n’hésite pas à parler d’ "une éradication comme s’ils étaient des nuisibles". Selon elle, ses clients ne sortiront pas indemnes de cette histoire : "ils sont tous complètement traumatisés par cette situation".

Les cinq fonctionnaires soupçonnés de harcèlement sur deux personnes au moins ont été suspendus de leurs fonctions le temps du déroulement légal de la procédure administrative. Ils font parallèlement l’objet d’une procédure pénale. Samuel Vuelta Simon, procureur de la République, confirme que le maire de Saint-Jean-de-Luz lui a bien présenté un signalement. Selon lui, ces procédures parallèles sont courantes dans le cadre professionnel : "Deux voies existent dans des cas similaires. La première est pénale et c’est une enquête de police qui estime si les faits constituent une infraction. Parallèlement, l’employeur vérifie si des fautes professionnelles ont été commises à travers une procédure disciplinaire". Le procureur signale qu'une enquête de police est d’ores et déjà ouverte.

"Protéger l’ensemble du personnel"

L’affaire, qui, dans un premier temps, avait été étouffée, semble pourtant perdurer depuis plusieurs années. Fin décembre, le syndicat CFDT et des représentants du personnel ont pris la décision d’alerter leur hiérarchie. Le maire luzien, Jean-François Irigoyen, soucieux de protéger l’ensemble du personnel, a pris la décision de mandater un cabinet spécialisé de manière à confirmer la véracité des soupçons de harcèlement moral dont auraient pu être victimes certains agents. Selon le psychologue qui a interrogé l’ensemble du personnel de la médiathèque, “une situation de harcèlement moral à grande échelle” pourrait bien avoir eu lieu. Des mails et des dessins pouvant être considérés comme répréhensibles appuieraient ses dires.

Aujourd’hui, les syndicats, les représentants du personnel et les élus espèrent une résolution rapide du conflit et un retour à la sérénité pour les agents de l’établissement luzien. La procédure administrative devrait arriver à son terme durant le mois avril où un conseil de discipline statuera sur le sort des cinq fonctionnaires. L'avertissement, l’exclusion temporaire de fonction, la rétrogradation ou enfin la révocation font partie des sanctions possibles. Du côté pénal, si l’enquête démontre qu’il y a bien une infraction, les accusés sont susceptibles de comparaître en jugement. Ils encourront alors une peine pouvant aller jusqu’à deux ans de prison et 30 000 euros d’amende.