Anaiz Aguirre Olhagaray

Un ”harcèlement” dénoncé chez Chronoplus

Un conducteur de bus dénonce du “harcèlement” au travail. Reconnue comme maladie professionnelle, sa situation sera prochainement jugée aux prud’hommes.

Le responsable national des ressources humaines de Keolis a été alerté de la situation, assure Carl André. © Bob EDME
Le responsable national des ressources humaines de Keolis a été alerté de la situation, assure Carl André. © Bob EDME

La CGT veut briser l’“omerta”. L’un de ses adhérents, conducteur de bus à Chronoplus, assure être victime depuis des années de pressions et de discriminations de la part de certains collègues, y compris de la direction de Keolis, la société gestionnaire du réseau de transports. Daniel* a décidé de porter l’affaire aux prud’hommes. Elle portera sur des faits de "harcèlement moral à caractère discriminatoire".

D’abord encarté à la CFDT, c’est au retour de trois semaines de congés que le chauffeur de bus découvre "à son insu" avoir été inscrit comme candidat sur une listes électorale. Ce sera le départ de ce que l’homme à la mine pâle et fatiguée, décrit comme une escalade de pressions et de harcèlements subis pendant l’exercice de son travail : "Mes collègues ne me disaient plus bonjour. Quand j’arrivais le matin, mon bus était caché ou déplacé" raconte-t-il. Selon ses dires, ses trajets sont surveillés par une caméra, qu’il recouvre d’un bout de papier. Pour cette action, il écopera d’un blâme. Il fera même un malaise au volant de son bus. Ses appels au secours, dit-il, resteront sans réponse. S’ensuivra une période d’arrêts maladie et de dépression, avant de reprendre en octobre un mi-temps thérapeutique.

Guerre syndicale ?

Des "attaques personnelles" qu’il met aussi sur le compte de son orientation sexuelle. "Je ne parle pas d’homophobie, mais certaines personnes me dénigrent sur mon homosexualité" affirme-t-il. "Je ne vous dis pas ce que les cadres ont pu tenir comme propos à ce sujet", souffle Carl André, secrétaire de l’Union locale de la CGT. Pour lui, Keolis "fait preuve de maltraitance envers ses employés".

D’autres salariés portent comme lui ces mêmes accusations, qui visent en particulier FO, syndicat majoritaire dans l’entreprise, qualifié par Carl André de "bras armé" de la direction. Délégué FO au sein de Keolis, Joseph Uhart est quant à lui persuadé que cette affaire ne vise qu’à "discréditer" son syndicat, à six mois des prochaines élections. "Si la direction était sous notre mainmise, il y a longtemps que nos salaires auraient augmenté de 2 ou 3 %" estime-t-il, appelant à un "apaisement" du climat dans l’entreprise. Du fait de la grève des avocats, le procès aux prud'hommes initialement prévu le 11 décembre a été reporté à une date ultérieure.

MEDIABASK a tenté de joindre sans succès Pierre-André Ditte, directeur de Keolis au Pays Basque.

*Le prénom a été changé.