Laurent PLATERO

Les Chimères, des passionnés à corps perdus

Le théâtre des Chimères est en pleine création dans son local Les découvertes, à Biarritz. Avec “Antigone, à corps perdus”, la compagnie veut poursuivre sa volonté de mettre des grands classiques en résonance avec l’actualité.

De gauche à droite : Catherine Mouriec Marine Marty et Sophie Bancon. © Guy LABADENS
De gauche à droite : Catherine Mouriec Marine Marty et Sophie Bancon. © Guy LABADENS

Le théâtre des Chimères a présenté la semaine dernière un état de travail de sa création en cours : Antigone, à corps perdus. Le public était au rendez-vous puisque la séance de 19 heures s’est remplie si rapidement qu’une autre proposition en début d’après-midi est venue ravir les spectateurs en attente de savoir : où en est la compagnie ?

Car depuis le départ, il y a plus d’un an, de son directeur historique Jean-Marie Broucaret, et après une année de transition, cette nouvelle pièce est la première d’une compagnie dont les rênes artistiques et administratives sont à présent tenues par un trio de comédiens et metteurs en scène : Sophie Bancon, Catherine Mouriec, et Patxi Uzcudun.

“Ce spectacle est important pour nous. Il faut s’approprier la direction des deux : administrative et artistique. On cherche nos manières de faire”, explique Sophie Bancon. Et celle-ci a été trouvée avec cette nouvelle création, où Antigone, interprétée par Marine Marty, refuse de se soumettre à la loi du roi (son oncle Créon) et enterre le corps de son frère Polynice, malgré l’interdiction de celui qui trône à Thèbes.

“On a envie de parler et d’amener à réfléchir par rapport à la thématique d’Antigone : qu’est-ce que ça veut dire, prendre le pouvoir aujourd’hui ? On se questionne beaucoup sur la communication entre le pouvoir et le peuple. Est-ce qu’Antigone est un modèle à suivre dans ce jusqu’au-boutisme ? Quelle part de Créon a-t-on ?”, précise Catherine Mouriec.

L’état de travail a installé les trois personnages sous l’œil attentif de Patxi Uzcudun, également à la mise en scène et à l’adaptation. Ce spectacle a été inspiré par les écrits du dramaturge Sophocle (né il y a 2 513 ans) et par les relectures d’autres auteurs.

“L’objectif est d’utiliser la théâtre pour réfléchir”, dit-il. Mais le trio ne se veut pas donneur de leçons : leur Antigone, à corps perdus fait écho au monde moderne, par des tournures de phrases qui questionnent l’autorité, le féminisme, la politique. Il est la poursuite d’un cycle initié par le théâtre des Chimères avec Elles s’appelaient Phèdre, dont l’objectif est de transmettre des grands classiques tout en les faisant résonner avec l’actualité.

Résidences et subventions

Après une semaine de résidence fin Octobre à Mendi Zolan, à Hendaye, la compagnie est revenue travailler chez elle, à Biarritz, dans son propre théâtre Les découvertes. Ce dernier est très exploité, car au-delà des créations des Chimères, il est utilisé pour des ateliers, des rencontres, la venue du conservatoire, et des actions culture et santé avec l’hôpital.

Si le théâtre des Chimères s’autofinance de moitié, il ne peut survivre sans subvention. Le grand espace a un loyer tout aussi imposant, et la partie administrative embauche des collaborateurs qu’il faut rémunérer. “On voudrait que ce projet puisse respirer à la même hauteur où nous l’avons envoyé”, confie Patxi Uzcudun, en référence à l’accueil qui est également fait, depuis deux ans, d’une dizaine de compagnies en résidence chaque année.

“Le théâtre est un lieu de rencontres” ajoute Sophie Bancon, en observant ses compères avec qui elle s’apprête à faire un point sur l’état de travail qu’ils viennent de présenter. Leur fin d’année ne sera pas de tout repos, car la première de cette création Antigone, à corps perdus est prévue pour l’imminent 26 janvier, après quelques représentations auprès des scolaires.

– Dates des représentations :

26 et 27 janvier, 2,3,9 et 10 février à Biarritz (Les découvertes), 4 et 5 avril à Pau (Espace Dantza), 11 et 12 avril à Hendaye (Mendi Zolan).