Avant même que les conseillers municipaux de Biarritz se soient prononcés sur le transfert du fonds de commerce, le groupe Eiffage avait reçu l’ordre de préparer la deuxième tranche de travaux de l’Hôtel du Palais. C’était en août dernier. La Socomix a déboursé pour cela 656 000 euros, comme l'ont confirmé les services de la Ville.
La société d’économie mixte (Sem) gestionnaire de l’établissement hôtelier a fait cette avance avant la signature définitive du contrat avec le groupe. Elle a servi à la préparation de l’installation du chantier pour que les coups de pioche retentissent le jour suivant la clôture des contrats, le 26 octobre. Elle ne prend pas en compte le coût des différentes études réalisées à cet effet par les différents cabinets. "Pouvait-on faire autrement ?" demandent les porteurs du projet, membres de l’exécutif biarrot. Un chantier à 64 millions d’euros (d’un coût total de 85 millions) ne se prépare pas du jour au lendemain.
En août, les élus venaient tout juste de voter en faveur de l’attribution d’un bail emphytéotique pour louer les murs du Palace à la Socomix. Les votes décisifs de son conseil d’administration et celui du conseil municipal de début octobre n’étaient pas encore d’actualité. La proximité du sommet du G7, prévu l’été 2019, et la sécurisation des emplois du personnel, ce sont les arguments souvent évoqués pour justifier un calendrier établi bien avant les votes décisionnels. Sur les 150 salariés permanents, 130 sont au chômage partiel, les 20 restants veillant au grain pour que tout soit prêt pour la réouverture en juin prochain.
A travers cet exemple, la transparence de la Sem suscite des interrogations. La frontière entre le privé et le public est aussi fine que du papier à rouler. Certaines décisions concernant les travaux y ont été prises, en s’asseyant sur une assemblée délibérante tel que le conseil municipal, alors que la Ville en est l’actionnaire majoritaire. Aujourd’hui encore, les élus n’ont pas connaissance du versement réalisé sur les comptes de la société Eiffage.
L’adjoint au maire Guillaume Barucq a eu accès à beaucoup d’informations en tant qu’administrateur de la Sem, mais lui aussi a déploré le manque d’information, notamment concernant le contrat de prêt des banques. Sa collègue, Nathalie Motsch, relève que "la commission d’accès aux documents administratifs a estimé à plusieurs reprises que les sociétés d’économie mixtes n’étaient pas tenues au secret des affaires comme cela a été avancé : elles sont organismes de droits privés mais, chargés d’une gestion publique, le droit à communication des documents est dans les textes".