Anita LOPEPE

La rentrée de l’euskara

[OPINION] "La rentrée de l’euskara" par Anita Lopepe, porte-parole d'EH Bai.

Anita Lopepe. © DR
Anita Lopepe. © DR

Les mobilisations des enseignants et des parents des ikastola ont marqué le tempo de la rentrée scolaire de l’euskara. Le bras de fer mené entre Seaska et l’Education nationale m’inspirent deux humbles réflexions.

La première est récurrente dans de nombreux dossiers locaux, elle concerne l’éternelle dialectique entre légitimité et cadre réglementaire.

Le travail accompli par les ikastola et ses retombées positives sur la réappropriation et la normalisation de l’euskara, et même sur l’attachement de la population à notre langue, sont incontestables. Seaska a supplanté les carences de l’Education nationale pour laquelle l’enseignement en langue basque est loin d’être une priorité, et elle continue à attirer des familles de plus en plus nombreuses. Elle est incontournable dans le paysage éducatif du Pays Basque Nord et assure une part importante dans la mission de transmission de la langue basque. Il est donc évident que les pouvoirs publics doivent prendre en charge ses besoins en moyens humains, au même titre que pour les établissements publics et privés.

Mais le choc des logiques s’opère et le modèle unique et jacobin a quelques peines à cadrer avec celui de l’école associative : logique comptable contre choix des classes à petits effectifs ; “français langue de la république” contre “Baxoa eta Breveta euskaraz”, fermeture d’écoles petites contre ouverture de petite-écoles… Tout ceci au prix de quelques contradictions de part et d’autres.

Ma deuxième reflexion est plutôt une mise en perspective. Si Seaska manque de moyens, je ne peux m’empêcher de rappeler la situation de l’enseignement du et en basque dans les établissements publics et privés. Les améliorations existent, mais à l’échelle de près de 45 années d’existence de l’enseignement bilingue basque-français, l’évolution est lente et les résultats ne sont pas à la hauteur de l’enjeu. Dans le premier degré, 30 % des effectifs suivent cet enseignement et 15 % au collège. Encore trop peu d’écoles proposent l’immersion, véritablement la seule garantie d’une appropriation satisfaisante de l’euskara. Malgré sa dénomination, dans la plupart des établissements du secondaire, la section bilingue est très loin de la parité horaire évoquée dans les textes officiels. Sans parler de la fragilité de ce dispositif face à chaque nouvelle réforme ou face à un éventail d’options de plus en plus large.

Néanmoins, c’est l’école (toutes filières confondues) qui formera l’essentiel des locuteurs bascophones de demain. Au Pays Basque Nord, 9,6 % des enfants du primaire et 6 % des collégiens fréquentent les ikastola. Seaska, à elle seule, n’assurera pas la transmission de la langue basque aux jeunes générations du Pays Basque Nord. D’où l’ampleur de la tâche dans les autres filières. L’enseignement en langue basque mérite donc un élan collectif, une vision commune et audacieuse en ce qui concerne son développement, et une véritable volonté politique. Les représentants politiques, parlementaires et autres, n’ont pas hésité à soutenir Seaska. Qui peut le mieux peut le bien.