Xan Idiart

Philippe Etcheveste : “Les écologistes ne supportent pas que nous soyons plus écologistes qu'eux“

Philippe Etcheveste est le président de la fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques. A la veille de l'ouverture générale le 9 septembre, il fait le point sur l'état du secteur et sur les relations entretenues avec les autres "utilisateurs de la nature".

Philippe Etcheveste, président de la fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques.
Philippe Etcheveste, président de la fédération départementale des chasseurs des Pyrénées-Atlantiques.

Combien y a-t-il de chasseurs dans le département ?

Philippe Etcheveste : Les validations de permis de chasse sont encore en cours pour l'instant, mais l'année dernière, nous étions environ 18 500 chasseurs dans les Pyrénées-Atlantiques. C'est un chiffre en baisse par rapport aux années précédentes. Nous avons perdu entre 300 et 400 chasseurs en 2017. Le même phénomène se fait sentir dans toute la France. Nous sommes malheureusement dans une pente descendante.

"Malheureusement", parce que selon vous, la chasse a une utilité régulatrice ?

P.E : Oui. Nous menons une gestion sur des espèces comme le lièvre, le faisan ou le perdreau. Nous avons des prélèvements adaptés à la population. Il y a quatre ans par exemple, nous avons élaboré un plan de gestion du lièvre. Les communes dénombrent combien elles en ont chez elles, et n'autorisent que jusqu'à 40 % de prélèvement de l'animal. Les chasseurs ne doivent pas toucher au capital reproducteur de l'espèce.

Si nous voulons une chasse durable, c'est ce qu'il faut faire. Les écologistes ne supportent pas que nous soyons plus écologistes qu'eux. Ces dernières années, nous avons fait un gros effort dans ce domaine. Nous ne sommes pas assez stupides pour prélever tous les animaux et nous retrouver un jour sans rien à chasser. C'est de la gestion intéressée oui, mais c'est quand même de la gestion.

Vous venez de mentionner les associations écologistes. Avez-vous déjà eu des démêlés avec elles ?

P.E : Nous avons de bons rapports avec le Fiep et la Sepanso. Nous les invitions deux fois par an à la fédérations pour échanger. Nous ne sommes pas toujours d'accord, mais sur 90 % des sujets, nous partageons une vision commune. Les relations sont plus difficiles avec la LPO. Je suis braqué et ils le sont aussi. Il y a quelques années, ils nous ont fait un procès alors que ce n'était pas nécessaire. Ils ont gagné mais ça a été de l'acharnement.

Et avec les randonneurs, la cohabitation est-elle parfois difficile ?

P.E : Nous sommes à l'écoute de tout le monde. Nous n'avons aucun problème avec les randonneurs, les VTTistes et les autres utilisateurs de la nature pour discuter avec eux. On parle souvent de "partage de la nature", mais qu'est-ce qu'on entend par "partage" ? Si le randonneur estime que son activité se déroule 365 jours sur 365, nous, la chasse, c'est beaucoup moins. La période de chasse correspond à environ cinq mois dans l'année en dehors des battues de régulations que nous sommes obligés de mener. En général, nous chassons de 10 heures jusqu'à 15/16 heures. Malheureusement, nous sommes souvent mal compris car nous aussi nous utilisons la nature le samedi et le dimanche.

Emmanuel Macron a donné son accord pour baisser le prix du permis de chasse de 440 à 200 euros. Est-ce une solution pour palier à la perte du nombre de chasseurs ces dernières années ?

P.E : C'est une partie de la solution, mais cette décision ne concerne que le permis national. Il y a une validation départementale, une bidépartementale, et donc ensuite une nationale. Cette dernière ne représente que 8 à 10 % de la population des chasseurs. C'est très bien, des économies seront réalisées, mais ça ne va pas vraiment servir les jeunes chasseurs. Ils n'ont pas toujours les moyens de payer les frais de déplacement pour se rendre en Alsace et dormir à l'hôtel par exemple. Cette décision va juste faciliter des échanges à un prix raisonnable.

Quel est le prix du permis de chasse au niveau départemental, et une baisse est-elle envisagée ?

P.E : Le permis de chasse est à 140 euros dans les Pyrénées-Atlantiques, et nous ne pouvons pas baisser ce prix. 80 euros du permis rentrent directement dans les caisses de la fédération de chasse, et le reste correspond aux taxes de l'Etat, et elles ne sont pas en diminution. 140 euros, c'est le seuil de viabilité de la fédération de chasse. Nous avons une boîte à faire tourner avec douze employés et tous les frais de fonctionnement. Nous travaillons au raz des pâquerettes. Nous pourrions baisser le prix si l’État nous faisait un cadeau magnifique, mais je ne crois pas au Père Noël.

Nicolas Hulot vient de démissionner de son poste de ministre de l'Ecologie et de la transition énergétique, notamment à cause du rôle des lobbys comme celui de la chasse. Quel regard portez-vous sur cette affaire ?

P.E : Je trouve sa démission très regrettable. Sur bien des sujets, les chasseurs s'entendaient bien avec Nicolas Hulot. Nous étions allés au front pour qu'il y ait moins de pesticides dans l'agriculture et nous étions d'accord avec lui. Nous comprenons que les agriculteurs soient en difficulté et utilisent des produits très toxiques, mais les petits gibiers comme les faisans et les cailles en plaine souffrent de ces pesticides.

Je pense qu'il a été victime de la politique politicienne. C'est plutôt ses propres amis qui l'ont flingué. Il y a des jusqu'au-boutistes dans son camp, et ils ne supportent pas que les choses aillent lentement. Brigitte Bardot l'a traité d'incapable, mais en France, on avance démocratiquement. On ne révolutionne pas tout du jour au lendemain. La chasse n'était pas un motif de démission.