Goizeder TABERNA

Le ministre de l’Education a été vivement interpellé à Pau

VIDEO - Plus d’une centaine de manifestants ont réclamé des postes supplémentaires pour les ikastola auprès du ministre Jean-Michel Blanquer, lors de l’ouverture de la Foir’expo de Pau. (Photo : Bob EDME)

"Vous nous devez 20 postes", dit une affichette. "Kasu ikastola kexu", dit une autre (attention ikastola en colère, en basque). Entouré de manifestants venus réclamer des postes pour les écoles immersives en langue basque, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer a inauguré la 70ème Foir’expo de Pau, samedi 8 septembre. Interpellé à de nombreuses reprises, le ministre a voulu transmettre un message d’apaisement et de bienveillance, sans pour autant laisser d’espoir sur de possibles créations de postes.

Suivi de près par les manifestants, il l’a dit et répété tout au long de la visite des stands : "le taux d’encadrement est déjà nettement plus favorable" pour les écoles membres de la fédération Seaska, mettant en garde sur les inégalités qu’une telle situation produit entre les écoles privées et publiques. "Ce n’est pas une fin de non recevoir à tout ce que vous dites", a-t-il nuancé devant la cinquantaine de manifestants restés jusqu’à la fin des allocutions, "nous nous retrouverons d’ici la fin de l’année pour revoir la convention". Une convention triennale arrivée à son terme associant Seaska, l’Etat et l’Office public de la langue basque.

(Photo : Bob EDME)

Avant d’aller plus loin dans ces discussions, les représentants de la fédération souhaitent régler la question des postes pour la rentrée en cours. Malgré une situation de blocage, Seaska a pris sur elle l’ouverture de postes sans pour autant pouvoir toutes les financer. "Sur les 14 postes et demi engagés, 4,5 ne sont pas financés. Nous attendons donc un geste [de l’Etat, ndlr.] pour cette rentrée", insiste Hur Gorostiaga, directeur de Seaska. Cette dernière réclamait 25 postes d’enseignants pour une hausse de ses effectifs de plus de 200 élèves. L’Etat ne lui en a accordé que cinq et demi, malgré la mobilisation des élus locaux.

Une délégation a été reçue

En fin de matinée, en préfecture, une délégation a été reçue par deux conseillères spéciales du ministre de l’Education et l’inspecteur académique Pierre Barrière. "On nous a entendus, mais le ministre dit qu’il y a suffisamment de postes", regrette H. Gorostiaga.

Même son de cloche au Parc des Expositions. Interpellé par un manifestant dès son arrivée, Jean-Michel Blanquer assure que les termes de la convention sont respectés. "J’ai voulu lui expliquer que le manque de moyens met à mal notre modèle d’enseignement immersif", raconte le manifestant. Lui et des dizaines de camarades ont suivi le ministre tout au long de la visite, scandant des slogans, régulièrement retenus par les forces de police. L’un d’eux lui a remis une lettre dans les couloirs de la foire.

"Ceci est à côté de la plaque. Les écoles qu’on appelle immersives, les calandretas et les ikastola, c’est moi qui les ai intégrées dans la loi [de l’enseignement privé] alors qu’elles étaient en dépôt de bilan. Donc, je sais très bien", a affirmé devant la presse François Bayrou (Modem), maire de Pau et ancien ministre de l’Education. Sur un ton quelque peu énervé, il l’a redit lors de son discours, en opposant les écoles immersives basques et béarnaises : "Les calendretas aussi ont besoin d’être entendues et cette manifestation a fait qu’elles n’ont pas été entendues. En Béarn, on a des attitudes équilibrées". Traditionnellement, l’inauguration de la Foir’expo marque la rentrée politique à Pau. L’an dernier, son maire comptait avec la présence du Premier ministre français, quelques mois après l’élection d’Emmanuel Macron (LREM). Un coup de projecteur pour ce soutien du président de la République.

"Les bases de politiques futures"

Son bras droit dans le Département, lui aussi présent à l’inauguration, Jean-Jacques Lasserre fait une autre lecture du désaccord entre Seaska et le Gouvernement. Sur l’estrade, le président du Conseil départemental s’est adressé au ministre assurant que "la situation n’est pas satisfaisante". Il a évoqué le souhait que "les acteurs se retrouvent pour jeter les bases de politiques futures".

Pendant ce temps, à quelques mètres de là, les manifestants venus du Pays Basque partagent un pot avec leurs camarades occitans… dans une calandreta.