Goizeder TABERNA

Le dossier de l'Hôtel du Palais fissure le conseil municipal

La signature d’un bail emphytéotique de 75 ans entre la Ville de Biarritz et la société gérante de l’établissement hôtelier a donné lieu à un vote très serré le lundi 30 juillet.

L'adjoint au maire Guillaume Barucq a demandé à ce que le sommet du G7 prévu en 2019 ne précipite pas les choses concernant l'Hôtel du Palais. (Capture d'écran)
L'adjoint au maire Guillaume Barucq a demandé à ce que le sommet du G7 prévu en 2019 ne précipite pas les choses concernant l'Hôtel du Palais. (Capture d'écran)

Sans bail emphytéotique, pas de financeurs ; sans financeur, pas de travaux à l’Hôtel du Palais. Telle a été la ligne de défense du maire de Biarritz lors du conseil municipal, lundi 30 juillet. A l’issue d’une séance longue de trois heures, les élus ont validé de justesse le modèle juridique proposé par Michel Veunac, brisant au passage les lignes politiques.

Dix-huit voix pour dix-sept contre, le résultat a été serré et M. Veunac n’en sortira probablement pas indemne de cette épreuve. Des adjoints au maire se sont retrouvés opposants et des élus d’opposition soutiens. Ainsi, Jean-Benoit Saint-Cricq n’a pas caché sa satisfaction au sujet de la mise en place d’un bail emphytéotique d’une durée de 75 ans, entre la Ville et la Socomix (Société communale d’économie mixte) gérante de l’établissement. L’avocat de profession n’a pas hésité à apporter ses éclairages sur les questions juridiques.

En face, des élus de la majorité, certains adjoints au maire, ont regretté le manque d’informations et la "précipitation" dans laquelle ils ont été obligés de se prononcer. "Je demande plus de temps pour étudier les risques réels", a lancé Virginie Lannevère, par ailleurs administratrice de la Socomix. Comme sa collègue et adjointe au maire Nathalie Motsch et l’élu d’opposition François Amigorena, elle a relevé l’absence de clause suspensive.

L’affaire des Ecuries de Parme, appelés Domaine de la Bigueyrie, a laissé des traces et Nathalie Motsch ne veux pas "verser dans un Bigueyrie 2". "L’opacité" qui entoure le financement des travaux qui s’élèvent à 57 millions d’euros (65 millions d’euros en tout) et le business plan du futur gestionnaire, le groupe Hyatt, soulève chez elle de la méfiance. Comme elle, certains conseillers ont l’impression de signer un chèque en blanc.

"Une opération neutre"

D’autres, d’être dépossédés de ce joyaux qui appartient à la Ville. Avec un bail de 75 ans et une redevance annuelle de 920 000 euros - considérée faible par certains -, c’est le sentiment qu’a exprimé l’adjoint au maire Guillaume Barucq. "On perd du pouvoir pour stopper les décisions", estime-t-il.

C’est tout le contraire, pour les élus favorables à la proposition du maire. Et J.-B. Saint-Cricq de rappeler que 65% des parts de la Socomix sont détenues par la Ville. "C’est une opération neutre sur le plan de la propriété", a-t-il rétorqué à plusieurs reprises. Quant à la redevance, il a précisé que dans les baux emphytéotiques le financement des travaux étant à la charge du locataire, dans ce cas la Socomix, le prix du loyer est faible.

Géré par cette société grâce à un contrat de location-gérance depuis 1962, la Ville était régulièrement appelée à mettre la main à la poche pour subvenir aux besoins de l’Hôtel du Palais. Et sans ce bail, la Socomix ne pourrait pas entreprendre de négociations ni avec les financeurs ni avec les groupes hôteliers, assurent ses défenseurs. Chargé par le maire de signer le bail au nom de la municipalité, l’élu abertzale de la majorité Michel Poueyts est convaincu : "le bail ouvre des droits, il ouvre les portes pour les négociations".

Par ce choix, Michel Veunac a souhaité maintenir dans le patrimoine de la Ville l’Hôtel du Palais, un établissement ouvert toute l’année, dont le statut de palace serait conservé et son personnel protégé. Petit hic relevé par plusieurs élus, le bail n’apporte aucune garantie sur le maintien de la structure dans le giron des palaces.

 

Prochaines étapes :

En septembre, la Ville devrait transférer le fond de commerce de l'Hôtel du Palais à la Socomix. Le contrat de gestion avec le groupe hôtelier Hyatt devrait être signé dans la même période. Le 18 octobre, l'établissement sera fermé pour une nouvelle phase de travaux. Les différentes tranches de travaux s'étaleront jusqu'en 2021.