Goizeder TABERNA

Le ministre de l’Education campe sur ses positions

Les parlementaires ont rencontré Jean-Michel Blanquer la semaine dernière. Il ne leur a promis aucune avancée sur la création de postes d’enseignants pour Seaska.

Le ministre Jean-Michel Blanquer et le président de Seaska Paxkal Indo (au milieu) se sont rencontrés à Biarritz en juin de 2017.
Le ministre Jean-Michel Blanquer et le président de Seaska Paxkal Indo (au milieu) se sont rencontrés à Biarritz en juin de 2017.

Ils sont unanimes, le ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer les a écoutés. Maintenant, les élus attendent des faits. Lors de leur rencontre, mercredi 11 juillet, le ministre n’a pas bougé d’un iota sur la création de postes d’enseignants pour Seaska, mais s’est dit prêt à discuter sur le volet qualitatif de l’enseignement en langue basque.

Actuellement, le cadre des négociations est flou. Ni les services de l’Etat, ni l’Office public de la langue basque (OPLB) et encore moins Seaska, ne sont assis autour de la table pour travailler sur le renouvellement de la convention qui les lie. La portée des échanges entre leurs représentants, quelque soit l’interlocuteur, est donc limitée.

Devant les députés Vincent Bru et Florence Lasserre et les sénateurs Max Brisson et Frédérique Espagnac, le ministre a réaffirmé son engagement pour les langues régionales. Mais pour ce qui est des postes toujours réclamés par Seaska, rien. Ils ne seraient pas justifiés au regard de la convention en vigueur, d’après les propos qu’il aurait tenus. Il semblerait que le ministère et Seaska n’aient pas la même interprétation du texte.

Pas même des chiffres. Le ministre de l’Education aurait affirmé lors de la rencontre que l’OPLB a défini un besoin de huit nouveaux postes pour Seaska. Or, l’Office parle de 15 postes. Par ailleurs, dans un contexte de gel du budget de l’enseignement privé, le mouvement ne va pas dans le sens de Seaska.

Financés par les élus locaux

Pour la fédération des ikastola, les besoins augmentent au même rythme que la hausse de ses effectifs et elle prévoit une rentrée "pas comme les autres", avec des mobilisations. D’autant qu’elle estime que le désengagement de l’Etat vis-à-vis de la convention actuelle, annule le travail réalisé ces neuf dernières années et est de mauvaise augure pour l’aboutissement des discussions sur le nouveau texte. En jeu : la reconnaissance du modèle immersif de Seaska et les moyens pour l’accompagner.

"Il est de la responsabilité de l’Etat de respecter l’actuelle convention et de la renouveler", insiste Paxkal Indo, le président de Seaska. A sept semaines de la rentrée scolaire, la fédération a dû la préparer en prévoyant moins de moyens. Alors qu’elle défend la création de 25 postes, elle a organisé les cours avec 20 nouveaux postes. "Nous ne pourrons financer que dix de ces postes. L’Etat avait annoncé le financement de 5,5 postes et, à défaut d’engagement supplémentaire de sa part, les 4,5 restants devront être financés par les élus locaux", estime P. Indo.

La demande vient d’être adressée à l’OPLB, lieu où se retrouvent les élus de la Communauté d’agglomération Pays Basque, du Département, de la Région… et les représentants de l’Etat. La tâche s'annonce rude, mais les représentants des institutions locales ont bien exprimé, l'un après l'autre, leur solidarité envers Seaska lors de la dernière cérémonie d'ouverture d'Herri Urrats. Ils ont alors évoqué l'attaque faite au Pays Basque, à son territoire dans son ensemble.

Sécuriser l’existant

Sur les postes, l’espoir des parlementaires est mince, mais sur les autres points de la convention, ils ont constaté chez le ministre une disposition à avancer. Le recteur de Bordeaux Olivier Dugrip est chargé d’établir une feuille de route, il devra définir tous les points à traiter pour arriver à la signature d’une nouvelle convention. Dans un contexte de blocage sur les postes, Seaska avait décidé de suspendre les discussions. Et le sénateur Max Brisson (LR) en est convaincu : "si la convention se fait dans un contexte tendu, elle va échouer".

Un travail sur le volet qualitatif de l’enseignement en langue basque, toutes filières confondues, permettrait de faire évoluer le contexte, selon lui. Cela pourrait sécuriser l’existant, très souvent peu encadré par la loi. C’est le cas des ikastola et de l’immersif dans les écoles publiques. "Nous attendons de voir si le recteur aura une vraie mission pour avancer", affirme  avec prudence M. Brisson.

Alors que la tendance est à l’égalisation des structures dans l’ensemble des territoires de l’Hexagone, que ce soit des organismes liés à l’enseignement ou des offices publics de la langue, les parlementaires ont rappelé au ministre que le Pays Basque est le seul territoire où 40% des parents font le choix du bilingue.