Anaiz Aguirre Olhagaray

Affaire Sanofi : trois plaintes et une enquête

Le parquet du tribunal de grande instance de Paris s’est saisi du dossier, vendredi 13 juillet. Les riverains de Lacq ont à leur tour déposé une plainte contre l'industriel. L’inquiétude est grande quant aux conséquences sanitaires sur le long-terme de ce nouveau scandale de pollution. Selon la Sepanso 64, la dernière étude épidémiologique date de 1998.

Les riverains réclament une étude sur les risques sanitaires à long-terme.
Les riverains réclament une étude sur les risques sanitaires à long-terme.

Rendu public jeudi 12 juillet, le rapport de l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) confirme l’ampleur des dépassements de rejets toxiques au laboratoire Sanofi de Mourenx, à l’arrêt depuis lundi 9 juillet. Il révèle qu’"aucun seuil minimum d’exposition sans risque n’a pu être identifié". L’association des riverains des sites industriels du Bassin de Lacq (Arsil) a déposé vendredi 13 juillet une plainte pour mise en danger d’autrui et administration de substances nuisibles.

Il s'agit de la première plainte déposée au parquet de Paris pour cette affaire, deux autres pourraient suivre : celles de France Nature Environnement et de l'association de défense de l'environnement Sepanso 64. Ces deux plaintes sont en cours de finalisation et pourraient être déposées conjointement, d'après Sylvie Merle-Vignau, membre de la Sepanso 64.

Afin de collecter des informations dans le cadre de l'enquête, une perquisition a été ordonnée au laboratoire Sanofi d'Aramon (Gard), la semaine précédant la révélation du scandale.

Difficultés respiratoires, nausées, nouvelles odeurs suspectes... les riverains constatent depuis 2015 des symptômes nouveaux. La Sepanso 64 s’inquiète des effets à long-terme sur la santé. Elle réclame ainsi une étude "sérieuse et indépendante", d’autant que selon elle, aucune recherche épidémiologique n’a été menée depuis 1998. Une information confirmée par l'avocat des riverains J.-F. Blanco, par ailleurs élu régional EELV. Pour S. Merle-Vignau, ce nouveau scandale de pollution toxique marquera, plus encore que les précédents, l'histoire du site industriel de Lacq. "Il y aura un avant et un après-Sanofi".

La préfecture va prendre de nouvelles mesures

Dans un communiqué datant du 13 juillet, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a annoncé qu’elle fixerait en début de semaine de nouvelles mesures s’appliquant aux installations de l’usine Sanofi de Mourenx, après la phase contradictoire réglementaire avec l’exploitant.

Le préfet rappelle que "toutes les conditions en matière d’émissions, de surveillance et d’absence de risques pour les salariés et les riverains devront être réunies pour que l’État autorise une reprise de l’activité du site."

Trois infractions sont imputées au géant pharmaceutique Sanofi dans le procès-verbal établi par la Direction régionale de l'environnement, de l'aménagement et du logement (Dreal) : non-respect des quantités autorisées de rejets toxiques, absence de contrôles réguliers et transmission tardive d’informations aux autorités. Alors qu’un arrêté préfectoral l’y obligeait depuis 2009, Sanofi a omis de procéder aux mesures sur deux des trois colonnes de l’usine, jusqu’en octobre 2017.