Anaiz Aguirre Olhagaray

Pollution exorbitante à Lacq

L’usine Sanofi située sur le bassin de Lacq rejette dans l'air jusqu’à 190 000 fois plus d’une substance cancérogène que le seuil maximal autorisé. L'industriel assure que la pollution engendrée ne dépasse pas 200 mètres autour de l’usine. En l’absence d’études approfondies, les conséquences sanitaires de la pollution et son rayon d’impact restent inconnus.

Sanofi considère que les rejets de son usine ne sont pas dangereux pour la santé des riverains.
Sanofi considère que les rejets de son usine ne sont pas dangereux pour la santé des riverains.

Les mesures effectuées en mars 2018 révèlent un dépassement de près de 190 000 fois les seuils autorisés de bromopropane, substance classée reprotoxique (c'est-à-dire altérant la fécondité et/ou la fertilité) et cancérogène. La santé des riverains pourrait être directement menacée, tout comme l’environnement. Sont potentiellement affectés quelque 300 salariés travaillant sur la totalité de la plateforme où se trouve l’usine Sanofi Chimie, à Mourenx, qui emploie une quarantaine de personnes au contact direct de cette substance.

Au Pays Basque Nord, rien ne permet encore d’affirmer si la pollution a un impact. "Sanofi nous a présenté un graphique en nous disant que la pollution ne dépassait pas 200 mètres autour de l’usine", explique Sylvie Merle-Vignau de l’association de défense de l’environnement Sepanso 64. "Il y a des routes qui passent près de cette usine, des gens qui vont et qui viennent, et en plus, cela dure depuis huit ans".

Suite aux révélations de France Info et de Mediapart, Sanofi a réagi ce lundi matin : "Nous confirmons avoir identifié fin 2017 un problème de dépassement localisé des seuils de rejet de vapeur de solvants, en particulier bromopropane, sur notre site de Mourenx. […] Nous avons pris toute la mesure de ce sujet, qui a été pris en charge depuis plusieurs mois par Sanofi Chimie et les Autorités de l’Etat". Et de poursuivre : "Sanofi Chimie a diligenté une étude d’impact sanitaire auprès d’un organisme indépendant qui a conclu que les populations ne sont pas exposées à des niveaux supérieurs aux seuils fixés par la réglementation française […]"

Ginette Vastel de France Nature Environnement, l’une des plus grosses ONG environnementales françaises, est catégorique : "La fermeture temporaire de l’usine est nécessaire, le temps que des solutions efficaces soient trouvées. Nous ne savons pas depuis combien de temps de telles quantités de substances toxiques sont rejetées dans l’air. Il faudrait connaître l’historique de cette pollution. Il est temps de mettre en place des mesures d’émission et des mesures environnementales régulières. Enfin, une étude sanitaire indépendante s’impose avec des valeurs qui prennent en compte tous les effets toxiques, cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques".

Suite au rapport de la Dreal (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) qui a révélé la gravité de la situation, Sanofi a été mis en demeure de respecter les normes avant fin juillet pour stopper ces émissions. France Nature Environnement a déposé une plainte contre le géant mondial de l’industrie pharmaceutique.