Le tunnel de Somport, très controversé au moment des travaux, est en-dessous de toute prévision de trafic. Alors que lors de son inauguration en 2003, les prévisions, déjà revues à la baisse, prévoyaient plus de 450 passages de poids lourds par jour en 2017, l’année 2018 s’est ouverte avec un trafic estimé à 330 poids lourds empruntant quotidiennement ce couloir.

A l’inverse, le passage vers l’Espagne de l’A63 au Pays Basque rencontre un grand succès. 40 000 véhicules se pressent au quotidien au péage de Biriatou, dont 9 000 poids lourds. Mardi 19 juin, Max Brisson a demandé lors des questions au gouvernement du Sénat, à ce qu’un désengorgement de l’A63 soit envisagé, en proposant des solutions alternatives à la traversée des Pyrénées vers l’Espagne.

Plusieurs axes ont été pointés par le sénateur lors de sa question. D’une part, il demande le renforcement de l’autoroute de la mer, autrement dit de la liaison par transport maritime, entre Nantes et Gijon. Il estime l’axe trop peu utilisé. Il demande également la réouverture de la ligne ferroviaire entre Pau et Canfranc et s’impatiente de voir l’appel à manifestation d’intérêt public lancé en avril 2018 par les gouvernements français et espagnol pour développer le ferroutage (un mode de transport mêlant la route et le fret) aboutir. "Mais ces solutions aussi pertinentes soient-elles, ne dévieront qu’une partie du trafic" analyse Max Brisson.

Le retour de l’autoroute des Pyrénées centrales ?

La principale proposition qu’il met sur la table est de faire émerger des "solutions routières alternatives transpyrénéennes". Au premier plan desquelles, la rénovation de la route nationale 134 qui mène depuis Pau au tunnel de Somport, dans le Béarn, en transitant par la vallée d’Aspe. Il souligne la différence qui existe entre la qualité de la route côté espagnol et celle côté français.

"Il y a urgence à moderniser la route nationale 134, à réaliser l’évitement des bourgs et l’élargissement de certains tronçons" affirme Max Brisson. Mais cette prise de position pourrait susciter des levées de bouclier, car la route traverse le parc naturel des Pyrénées et surtout rappelle un ancien dossier vieux de plusieurs décennies d’une autoroute creusée au centre des Pyrénées.

Max Brisson cherche à rassurer : "je ne propose pas une deux fois deux voies, il s’agit juste d’une rénovation d’une route au bord de laquelle des gens vivent au quotidien. Les maires sont excédés par le passage de la route, l’évitement des bourgs est une priorité. Si le fret, le ferroutage et la relocalisation de l’économie ne suffisent pas à désengorger Biriatou, il faudra se poser la question de faire une route à plusieurs voies. Pour l’instant, l’enjeu n’est pas là, il s’agit plus d’une sécurisation".

Biriatou, point d’usure

Les écologistes et des partis de gauche avaient mené la bataille contre le tunnel de Somport dans les années 1990. L’une des raisons tenait à la pollution que pourrait engendrer trop de trafic dans la vallée pyrénéenne d’Aspe. Pour éviter tout amalgame avec cette situation explosive, Max Brisson s’accorde à dire que "tout le trafic que l’on captera de la route sera autant de petites victoires" et que les solutions alternatives à la route doivent avoir la priorité.

Les camions qui transitent chaque jour par le Pays Basque entraînent une pollution du territoire et des risques industriels dans une zone hautement urbanisée. Face à la saturation, la réponse institutionnelle a pour l’instant été d’élargir l'autoroute A63 à une deux fois trois voies.