Chloé Rébillard

Le Pays Basque Nord toujours pas aux normes pour l’accueil des gens du voyage

Depuis 2017, la Communauté d'agglomération Pays Basque (CAPB) a pris une partie de la compétence de l’accueil des gens du voyage. A la veille de la saison estivale et alors qu’un premier groupe s’est installé illégalement au bord de la plage des cavaliers à Anglet ce week-end, Paul Baudry, vice-président de la CAPB en charge du dossier, fait un constat d’échec : le Pays Basque ne respecte pas le schéma départemental.

Chaque année des installations illégales de gens du voyage ont lieu. Ici, sur un terrain de la CCI en 2015. © Isabelle Miquelestorena
Chaque année des installations illégales de gens du voyage ont lieu. Ici, sur un terrain de la CCI en 2015. © Isabelle Miquelestorena

Les communes de plus de 5 000 habitants ont obligation de disposer d’une aire de passage pour accueillir les gens du voyage. Or, de nombreuses communes basques ne respectent pas la loi et le même ballet se répète d’année en année : les gens du voyage arrivent et s’installent illégalement sur des terrains, entraînant des plaintes des riverains ou des communes. Face à la situation, les services techniques de l’agglomération Pays Basque et Paul Baudry ont organisé des réunions avec une quarantaine de maires des communes littorales.

Le vice-président explique : "l’objectif était de miser sur la solidarité. Si une commune de plus de 5 000 habitants ne disposait pas d’un terrain adapté, peut-être que sa voisine qui n’a pas d’obligation aurait un tel terrain". Mais à la veille de l’été, le vice-président ne peut que constater l’échec de cette tentative : "on a demandé aux communes de nous faire des propositions de terrains, privés ou publics. Aujourd’hui, nous avons quelques terrains mais qui ne répondent pas à la demande, à la fois en termes de nombre de places et d’espace. Le schéma départemental n’est toujours pas respecté". Les communes ont pour obligation de mettre les terrains à disposition. La CAPB, quant à elle, doit installer les équipements nécessaires et s’assurer de leur bon fonctionnement.

Les contraintes basques

Si Paul Baudry a l’intention d’organiser une nouvelle réunion à la fin de l’été et de mettre les maires face à leurs obligations puisque la solidarité n’a pas fonctionné, il demande également aux services de l’État un peu plus de souplesse dans l'application des lois. "Il y a plusieurs années, à la communauté des communes d’Errobi, nous avions trouvé un terrain à Ustaritz. A 15 jours de signer les actes pour que tout soit en règle, la police de l’eau est passée. Ils ont trouvé un nid de batraciens et on a dû tout arrêter".

"Il faut que l’État prenne en compte que nous sommes sur un territoire très contraint, avec des zones humides, des talus, des zones inondables ou Natura 2 000" ajoute-t-il. L’État impose un certain nombre de règles : il faut que les aires soient proches d’une route principale, raccordées à l’eau et à l’électricité, avec des blocs sanitaires, situées dans des zones sans risques et sans dommage pour les zones protégées, de préférence enherbées etc.

Pour Paul Baudry, certains assouplissements permettraient de mieux prendre en compte la spécificité du territoire basque : "dans le schéma départemental des risques, nous ne pouvons pas installer une aire sur une zone inondable. Mais certaines zones classées innondables sont à très faible risque, et il faut bien comprendre que ce n’est pas de l’habitat définitif. Si nous sommes vigilants en installant des sondes dans la Nive par exemple pour surveiller la montée des eaux et les prévenir dès qu’il y a le moindre risque, pourquoi ne pas installer des aires sur ce type de terrain ?"

Aucune aire de grand passage

Un poste spécifique a été créé à la CAPB afin de gérer les aires de passage comme les aires sédentaires. "La personne en charge est en contact avec les gens du voyage et recense les arrivées prévues. La communauté installée à Anglet l’avait contactée en amont pour leur arrivée. Mais nous n’avons pas de terrain qui permette d’accueillir plus de 50 caravanes. Nous n’avions rien à leur proposer" déplore Paul Baudry.

Le Pays Basque Nord ne dispose donc pas de suffisamment de lieux d’accueil et pas d’aire de grand passage. La situation à Anglet où les abords de la plage des cavaliers sont toujours occupés par plus d’une centaine de caravanes a débouché sur un dépôt de plainte du maire, Claude Olive. Mais tant qu’une alternative légale n’est pas proposée à ces communautés, la situation devrait se reproduire durant l’été.