Iurre BIDEGAIN

Les écoles de Luzaide et Arneguy la jouent synchro

Cela fait deux ans que les écoles d’Arnéguy et Luzaide ont mis en place un projet innovateur. Malgré un bilan très positif, quelques améliorations vont être apportées à la prochaine rentrée.

Le projet avait débuté en 2016. ©Iurre Bidegain
Le projet avait débuté en 2016. ©Iurre Bidegain

Le projet a été lancé en 2016. Depuis, les élèves des écoles d'Arnéguy en Basse-Navarre et de Luzaide en Navarre partagent les mêmes classes : le matin, ceux de la maternelle se retrouvent tous à Luzaide et ceux du primaire, à Arnéguy l'après-midi. Les deux écoles estiment que le projet n’a apporté que des bénéfices. Un seul obstacle a été rencontré, les différences de calendrier et les horaires. Ce ne sera plus le cas en septembre prochain.

L’inspecteur d'Académie Pierre Barrière et l’enseignante navarraise Anabel Elizondo partagent le même avis : pédagogiquement et au niveau social, le bilan est très positif. "Le fait de travailler une langue permet ce qu'on appelle le 'pressage de langue'. Quand vous en apprenez deux, cela permet de mieux réfléchir sur les phénomènes linguistiques. Là où la frontière pourrait diviser, ce projet permet qu'elle ne soit plus une barrière, elle devient un trait d’union. Culturellement, c’est quelque chose de précieux", explique-t-il.

"Les problèmes auraient pu s’accumuler et c’est plutôt l’inverse", estime-t-il. Il existe une vraie dynamique pour résoudre les difficultés. Les problèmes majeurs soulignés sont les différents calendriers et horaires des deux écoles.

Pour y faire face, les enseignants ont travaillé sur un calendrier et des horaires communs en tenant compte "des lignes rouges fixées" par les différentes administrations. "Nous avons organisé beaucoup de réunions, cela a été très compliqué puisque nous voulions respecter plusieurs aspects : la situation des familles, le bien-être des enfants…"

Mêmes vacances

Grâce au travail approfondi mené, l'ensemble des enfants débuteront la nouvelle année scolaire le 3 septembre 2018 et la termineront le 28 juin 2019. Entre temps, les élèves auront les mêmes périodes de vacances scolaires. De plus, en septembre et en juin, ils n'iront en cours que le matin, comme le faisaient les jeunes Navarrais jusqu’à présent. "À notre avis, cela respecte le rythme des enfants. En revanche, le fonctionnement des vacances nous paraît meilleur [à Arneguy]. Nous avons modifié les règles et avons gardé les côtés positifs de chacune d’elles", a précisé Anabel Elizondo. Les enfants des deux écoles auront seulement huit jours fériés différents. "Il s’agit des jours correspondant aux droits des travailleurs. Nous ne pouvons pas les modifier", explique-t-elle.

Après avoir modifié les créneaux horaires, les enfants finiront plus tard les cours du matin et du soir. Le mercredi, ils finiront plus tôt, à midi.

Anabel Elizondo a salué le soutien des parents. Elle a souligné la richesse du projet. Même si pour certains il s’agit d’un projet innovateur, elle a vécu cela comme quelque chose de très "naturel". "Aujourd'hui on se pose toujours la même question : pourquoi ne l’avons-nous pas fait avant ?".

Ainhoa en danger

Pierre Barrière a annoncé qu’un projet similaire avait été étudié à Zugarramurdi, Urdazubi, Sare et Ainhoa. "Ce sont les parents navarrais de Zugarramurdi qui ont dit non. En plus des trois langues, ils voulaient intégrer l’anglais. On a peut-être perdu l’occasion de mieux fixer la population avec un projet attractif".

Ce territoire doit faire face à la perte d’élèves, selon l’inspecteur. Aujourd’hui, Ainhoa regroupe moins de 50 élèves en trois classes. "Cela ne pourra pas rester longtemps. Quelques complémentarités auraient pu être utiles. Le but est de fixer la population et maintenir une éducation de qualité".