Chloé Rébillard

L’eusko veut poursuivre sa conquête du Pays Basque

La monnaie locale basque a remporté "Mon projet pour la planète" avec 100 000 euros à la clé. Au lendemain de cette victoire, se tenait son assemblée générale à Ustaritz le 12 mai, l’occasion de regarder avec sérénité vers l’avenir.

Dante Edme et Xebax Christy ont animé l'assemblée générale d'Euskal moneta du 12 mai à Ustaritz. © Bob Edme
Dante Edme et Xebax Christy ont animé l'assemblée générale d'Euskal moneta du 12 mai à Ustaritz. © Bob Edme

""Cette victoire largement en tête va nous apporter un soutien financier important, mais elle montre aussi que nous avons un soutien important des habitants du Pays Basque" se réjouit Dante Edme-Sanjurjo, directeur général de l’eusko. La petite monnaie locale, créée quelques années auparavant pour œuvrer à relocaliser l’économie vers les acteurs du territoire basque n’en finit pas d’engranger les succès. Pour 2017, un passage réussi au numérique avec notamment l’instauration d’une carte bancaire, une première pour une monnaie locale. Des utilisateurs toujours plus nombreux et une augmentation des eusko en circulation qui donne le sourire à ses promoteurs : "L'Eusko avance vite en ce moment, nous injectons 36 000 eusko supplémentaires chaque mois sur les comptes de nos plus de de 1000 utilisateurs particuliers, et il faut ajouter à cela le change traditionnel en billets d'eusko dans nos bureaux de change" ajoute D. Edme-Sanjurjo.

La victoire est savourée dans la salle Lapurdi d’Ustaritz où plusieurs dizaines de personnes se sont réunies pour cette assemblée générale, mais l’ambiance demeure avant tout studieuse. Plusieurs dossiers requièrent une attention particulière dont la poursuite de l’action judiciaire par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. L’eusko et la ville de Bayonne ont vu leur convention permettant à la ville de régler certaines dépenses dans la monnaie locale, suspendue en appel par le tribunal administratif de Bordeaux. "On réfléchit à se pourvoir en cassation, explique Xebax Christy, président d'Euskal Moneta, mais de tout de façon, il s’agissait d’un référé. Désormais, il va falloir juger sur le fond".

La dernière décision n’est que suspensive, car le juge doute que la convention respecte à la lettre le cadre légal. Le choix d’autoriser ou non la mairie de Bayonne à régler des montants en eusko doit être jugée sur le fond. Et sur ce point précis, Xebax Christy a peu de doute : "nous sommes très confiants. Même les agents de la préfecture commencent à changer de discours car ils se rendent compte que leurs arguments ne tiennent pas".

Attirer de nouveaux usagers

Tournée vers l’avenir, la monnaie locale, l’est assurément. Son objectif principal reste de convaincre plus largement. Si elle peut compter sur un socle d’usagers déjà actifs, elle souhaite élargir encore son public. Pour cela, les débats ont porté sur une meilleure visibilité et des outils de communication plus performants, ainsi que mieux intégrer le monde associatif au projet. Un participant a proposé de créer une affiche pédagogique à accoler aux vitrines des commerces qui acceptent l’eusko, qui permettrait d’expliquer la démarche.

Autre point, celui des "5 %". Actuellement, les entreprises et associations qui adhèrent à l’eusko doivent reverser 5 % de leur chiffre d’affaire réalisé en eusko à la monnaie locale qui garde 2 % pour elle et reverse 3 % à des associations du Pays Basque Nod, dans le cas où elles souhaitent échanger leurs eusko en euros. Selon Xebax Christy qui s’appuie sur les retours des enquêtes, ce pourcentage n’a pas d’effet dissuasif sur les organisations qui voudraient adhérer. Il est néanmoins question de moduler ce pourcentage ou du moins de le faire évoluer. La proposition finalisée devrait être au menu de la prochaine assemblée générale.

Eusko en quelques chiffres (mai 2018) :

  • 875 000 eusko en circulation

  • 3 000 utilisateurs particuliers, dont 1 000 ont ouvert un compte en ligne

  • 720 professionnels

  • 9 communes pour l'instant qui ont adhéré à l'Eusko : Bayonne, Hendaye, Sare, Ustaritz, La Bastide-Clairence, Mendionde, Hasparren, Ostabat-Asme, Ayherre.