Chloé Rébillard

Des fêtes payantes à Bayonne, à sept ou huit euros

Après une consultation lancée en mars dernier, la municipalité de Bayonne a désormais acté le principe de rendre l’entrée des fêtes payante dès l’édition 2018.

L'augmentation des dépenses liées à la sécurité sont à l'origine de la décision de rendre les fêtes de Bayonne payantes. © Bob EDME
L'augmentation des dépenses liées à la sécurité sont à l'origine de la décision de rendre les fêtes de Bayonne payantes. © Bob EDME

L’entrée des fêtes de Bayonne 2018 sera donc payante du vendredi en fin de matinée au dimanche soir, soit sur l’amplitude du week-end. Les mercredi et jeudi resteront gratuits. Il en coûtera 7 ou 8 euros : le montant exact reste à définir, pour obtenir le bracelet permettant de se déplacer dans le périmètre du centre-ville.

Les Bayonnais, qui financent déjà les fêtes par leurs impôts, auront le droit à un accès gratuit. Dans les semaines qui précèdent les fêtes, plusieurs points de remises des bracelets seront instaurés dans les diverses parties de la ville. Il faudra présenter un justificatif de domicile pour obtenir le précieux bracelet donnant accès aux fêtes gratuitement.

Autres personnes exonérées de l’accès payant, les professionnels travaillant sur les fêtes. Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne, a commencé à esquisser les professions, sans faire une liste exhaustive qui y auraient droit : cafetiers, restaurateurs, personnels de santé, livreurs…

Enfin les enfants bénéficieront également de la gratuité. L’âge limite au-dessus duquel il faudra mettre la main à la poche n’est pas définitivement acté, mais devrait se situer entre 14 et 16 ans.

Les raisons du passage au payant

La municipalité de Bayonne justifie ce passage du gratuit au payant en raison des dépenses inflationnistes pour les mesures de sécurité qu’ils ont mises en place depuis les premiers attentats de grande ampleur sur le territoire français, en 2015. J-R Etchegaray affirme : "nous avons tous souvenir de l’attentat de Nice survenu quelques jours avant l’édition 2016 qui nous a obligés à revoir la sécurité".

Actuellement, les fêtes coûtent 1 500 000 euros par an en résultat net (les dépenses moins les bénéfices) à la municipalité de Bayonne. Pour renforcer le dispositif de sécurité et mettre en place un périmètre payant, la mairie table sur a-minima 500 000 euros de dépenses supplémentaires en 2018. Les 7 ou 8 euros dont vont devoir s’acquitter les visiteurs serviraient à compenser en partie ce manque à gagner. Pour Jean-René Etchegaray, il s’agit d’une "mesure de justice", afin que les 50 000 Bayonnais ne paient pas seuls les dépenses liées à cet événement qui a attiré 1 million de personnes l’an dernier.

La municipalité table sur une jauge entre 200 000 et 250 000 visiteurs uniques qui s’acquitteraient de l’obole désormais obligatoire.

L’esprit des fêtes

Pour les initiateurs de cette évolution, l’esprit des fêtes ne se perd pas avec ce passage au payant. Yves Ugalde, adjoint à la culture à Bayonne, pense même l’inverse : "rendre les fêtes payantes est un acte puissamment militant, favorable à l’ADN des fêtes et à leur pérennité". Avant d’affirmer : "si l’on regarde l’histoire des fêtes, elles se sont énormément éloignées de l’ADN de 1932, date de leur création, et ce depuis longtemps".

Le président de la commission extra-municipale des fêtes, Henri Lauqué, assure quant à lui que rien ne changera en terme d’animations au sein des fêtes de Bayonne. L’esprit restera celui de la déambulation avec des animations à divers points du centre-ville.

Dix points d’entrée pour les visiteurs, quatre pour les véhicules (livraison, services médicaux) sont prévus et ont été validés par la préfecture. Pour ce qui est du risque qu’un certain nombre de bestazale choisissent de passer les fêtes en-dehors du périmètre payant, la municipalité se montre confiante : certains lieux de fêtes seront tolérés, comme la rue Sainte-Catherine, mais pour d’autres, des policiers se chargeront de faire des patrouilles afin d’éviter les attroupements, comme dans les douves.

L’opposition laissée sur le côté

Jean-Claude Iriart, chef de file du groupe d’opposition Baiona 2014, regrette quant à lui que malgré ses demandes réitérées à la majorité, il n’ait pas pu avoir accès au dossier : "j’ai eu l’occasion d’exprimer à plusieurs reprises la nécessité pour nous de pouvoir disposer de tous les éléments d’analyse (la présentation détaillée de tous les postes de dépenses, l’étude mandatée par la Ville, les avis techniques des services…), afin de pouvoir disposer comme les élus de la majorité des éclairages nécessaires, avant de se forger un point de vue responsable" explique-t-il. Il affirme n’avoir reçu à ce jour aucun document. Sans se prononcer sur le principe, il refuse de faire partie de la "belle unanimité" qu’a décrite le maire. "Il s’agit donc pour nous d’une décision prise par la seule majorité, qui malgré nos appels répétés, ne nous aura pas permis de nous associer à la réflexion. Difficile dans ce contexte de s’associer à la décision".