MEDIABASK

ETA se dissout

Dans sa déclaration finale, l’organisation indépendantiste annonce officiellement le démantèlement complet de ses structures et la fin de son activité politique. Le texte, lu dans une vidéo par Josu Urrutikoetxea et Marixol Iparragirre, a été présenté au Centre Henri Dunat de Genève, devant des personnalités de rang international. Une déclaration rendue publique par la BBC et plusieurs autres médias locaux dont MEDIABASK.

Anagrame d'ETA sur un mur d'Altsasu.
Anagrame d'ETA sur un mur d'Altsasu.

"ETA est née du peuple et, à présent, elle se dissout en lui". La "Déclaration finale d’ETA au peuple basque" met un terme à un cycle ouvert en 1958. Les documents rendus publics ce jeudi 3 mai actent officiellement la fin de l'organisation. Ils ont été envoyés à plusieurs médias, dont la BBC et MEDIABASK.

Le texte rédigé en quatre langues (basque, français, espagnol et anglais) est accompagné d’enregistrements de voix de deux militants historiques. L’une est celle de Josu Urrutikoetxea, toujours en fuite, et l’autre, celle de Marixol Iparragirre, une des représentants du Collectif des prisonniers politiques basques (EPPK). Elles offrent une lecture en basque, en français et en espagnol de la déclaration.

Le texte a été lu en début d'après-midi, à Genève, par le président du centre Henry Dunant, David Harland. La séance a eu lieu en présence de personnalités liées à la diplomatie et à la résolution de conflits, et de journalistes de la BBC. Parmi la centaine de personnes, se trouvait l'ancienne ministre française de la Justice, Christiane Taubira. Cet événement sobre s'est terminé par une minute de silence en mémoire des victimes du conflit.

"ETA, organisation socialiste révolutionnaire basque de libération nationale, souhaite informer le peuple basque de la fin de sa trajectoire", affirme le communiqué. De cette décision découlent le démantèlement complet "de l’ensemble de ses structures" et la fin de son activité politique. Dorénavant, personne ne pourra prétendre parler au nom du groupe, puisque le texte affirme que l'organisation "ne sera plus un acteur qui exprimera des positions politiques, engagera des initiatives ou interpellera d'autres acteurs".

ETA annonce également que ses militants, d’hier et d’aujourd’hui, "poursuivront la lutte en faveur d'un Pays Basque réunifié indépendant, socialiste, bascophone et non patriarcal (…), chacun dans le domaine qu'il considèrera le plus opportun".

Scénario démocratique

ETA a pris cette décision après avoir consulté ses militants sur la fin du "cycle historique et [de] la fonction de l’organisation". Un cycle caractérisé par ce que l'organisation appelle "la violence politique" que les Etats "s’entêtent à perpétuer", déplore-t-elle, "conscients de leur faiblesse dans la confrontation strictement politique et craignant la situation qu'engendrerait la résolution complète du conflit".

L’organisation dit ne pas craindre le scénario démocratique et compte sur l’accumulation des forces, la mobilisation populaire "tant pour aborder les conséquences du conflit que ses causes politiques et historiques". Elle maintient comme objectif la création de l’Etat basque à travers la mise en pratique du droit de décider.

Elle dit avoir pris cette "ultime" décision pour favoriser une nouvelle phase historique et souhaite que par ce geste, le processus en faveur de la liberté et de la paix "continue à travers d’autres voies". Une déclaration qui arrive à quelques heures de la Rencontre internationale pour avancer vers la résolution de paix au Pays Basque, qui se tiendra à Cambo, à la Villa Arnaga.