Béatrice MOLLE-HARAN

La Corse dans la Constitution ou mesure en trompe-l’œil ?

Béatrice MOLLE-HARAN. © DR
Béatrice MOLLE-HARAN. © DR

Le déplacement d’Emmanuel Macron en Corse à l’occasion de la commémoration de l’anniversaire de la mort du Préfet Erignac était très attendu par le nouvel exécutif nationaliste au pouvoir depuis le 1er janvier.

Certes “l’annonce solennelle” d’une mention de la Corse dans la Constitution peut sembler positive et représenter une avancée notoire. Mais le président Macron a évoqué la refonte de l’article 72 qui régit les collectivités territoriales métropolitaines, mais en aucun cas celle de l’article 74 qui donne aux collectivités d’outre-mer un statut d’autonomie. C’était une des principales revendications du président du Conseil exécutif de la Collectivité territoriale corse Gilles Simeoni.

Opposition aussi de sa part à la co-officialité de la langue corse et au statut de résident, deux revendications phares du programme des nationalistes qui ont remporté les élections territoriales de décembre dernier avec 56 % des suffrages, leur conférant une légitimité démocratique obtenue par les urnes. Concernant le bilinguisme le président a déclaré que malgré les moyens mis en œuvre “il n’y avait pas la progression espérée” et que des évaluations seraient nécessaires.

Le discours d’Emmanuel Macron était empreint d’un paternalisme un tantinet méprisant envers les Corses. Certes le mot “assisté” tellement sous-jacent n’a pas été prononcé, mais les justifications à son opposition au statut de résident et à la co-officialité de la langue corse fleuraient bon les discours coloniaux tenus envers les pauvres de la nation dans une époque lointaine. L’annonce de renforts de police et de gendarmerie dans ce territoire laisse aussi quelque peu dubitatif. Un discours donc sur la défensive, un journaliste de télévision après cette intervention le résumait ainsi : “aide-toi et l’Etat t’aidera”.

Quant à l’amnistie des prisonniers politiques corses, autre revendication des élus corses, le président Macron a levé toute ambiguïté dès son arrivée sur l’île exprimant son opposition à cette mesure. On attendait donc une prise de position dans son discours concernant le rapprochement de ces prisonniers qui sont au nombre de onze, purgeant leurs peines sur le continent. Mais le président Macron n’a fait aucune allusion ayant trait au rapprochement.

Une mesure d’apaisement qui contribuerait pourtant à une normalisation sociale et politique dans un territoire marqué durant des décennies par la violence. Forcément en Pays Basque, nous étions attentifs aux mesures annoncées par rapport à ce rapprochement des prisonniers, même si le contexte est différent et que des déclarations officielles réalisées par le ministère de la Justice ont été prononcées allant dans le sens de mesures concrètes attendues.

Au chapitre des bonnes nouvelles, opportunisme ou réelle volonté politique, le gouvernement basque a déclaré qu’il souhaitait promouvoir des accords avec les gouvernements espagnol et français afin de favoriser une “nouvelle orientation” de la politique pénitentiaire concernant le rapprochement des prisonniers ainsi que l’application de mesures humanitaires pour les prisonniers d’ETA. Et développer par un décret les les bases de politiques actives de réinsertion sociale.

Des promesses de part et d’autre qui n’attendent plus que leur concrétisation.