MEDIABASK

Des journalistes sur le banc des accusés

L’officier de la Ertzaintza dont les enregistrements ont été révélés par le journal Gara réclame 250 000 euros de dommages et intérêts. La profession soutient la publication et les journalistes accusés.

La plateforme de soutien à la famille d'Iñigo Cabacas, victime de la Ertzaintza, réclame l'ouverture du procès.
La plateforme de soutien à la famille d'Iñigo Cabacas, victime de la Ertzaintza, réclame l'ouverture du procès.

C’est le procès de la liberté de la presse. Plusieurs associations de journalistes ont mis en garde sur l’atteinte au droit d’informer que constitue le procès ouvert, ce mercredi matin à Bilbo, à l’encontre du directeur du quotidien Gara Iñaki Soto et du journaliste Iñaki Iriondo, ainsi que Jone Goirizelaia, l’avocate de la famille Cabacas.

Cabacas est le nom du jeune supporter de football mort en 2012, après avoir reçu un coup de pelote lancé par la police locale, la Ertzaintza, dont le procès n’a pas encore eu lieu. Un an plus tard, le quotidien basque avait rendu publics des enregistrements des ordres donnés par un officier dont il avait dévoilé l’identité, connu comme "Ugarteko" ou officier 3316.

L’agent de la Ertzaintza accuse les journalistes et l’avocate d’avoir porté préjudice à sa carrière professionnelle ainsi qu’à sa santé et réclame 250 000 euros de dommages et intérêts. Cette semaine, le quotidien Gara a mis en cause cette accusation avançant l’information selon laquelle le salaire du policier aurait augmenté, et il n’aurait bénéficié d’aucun arrêt de travail pour problèmes de santé depuis 2013.

Tout en reconnaissant la liberté d'informer sur les faits survenus en 2012, le procureur a requis une indemnité de 13 000 euros en faveur d'"Ugarteko" et demande que Gara retire certains articles concernés pour non respect de la présomption d'innocence, d'après l'information rapportée par ce média.  

Le directeur du journal a défendu le traitement journalistique des faits : "Nous avons fait notre travail, il est clair que la police autonomique n’a pas fait le sien, il est paradoxal que nous devions justifier notre travail". Il craint que cette affaire crée un précédent pour la profession. A l’extérieur du tribunal, des dizaines de personnes ont manifesté leur soutien aux accusés.