Chloé REBILLARD

Notre-Dame-des-Landes, le projet d’aéroport est abandonné

L’annonce de l’abandon du projet de Notre-Dame-des-Landes par le premier ministre français, en début d’après-midi, a déjà fait réagir. Un rassemblement est organisé ce soir à 18h30 devant la mairie de Bayonne pour fêter la décision et défendre l’avenir de la ZAD.

Un rassemblement était organisé, hier mercredi, devant la mairie de Bayonne pour fêter la décision et défendre l’avenir de la ZAD. ©Bob EDME
Un rassemblement était organisé, hier mercredi, devant la mairie de Bayonne pour fêter la décision et défendre l’avenir de la ZAD. ©Bob EDME

Le suspens avait été ménagé jusqu’au dernier moment par le gouvernement qui a annoncé l’abandon du projet d’aéroport sur la commune de Notre-Dame-des Landes à la sortie du conseil des ministres, en début d’après-midi, ce mercredi 17 janvier. Suspens qui n’a pas tenu jusqu’au bout puisque l’AFP ainsi qu'Ouest France ont sorti l’information avant même qu’Edouard Philippe, le premier ministre, ne prenne la parole. 

Cet abandon est perçu comme une victoire par les opposants, qui se battent depuis des années contre ce projet. Pour Hartzea Lopez, membre d’Euskal Herria Zadista, le comité local de soutien à Notre-Dame-des-Landes : "c’est un projet climaticide en moins, résultat de 50 ans de lutte menée par tout un tas de composantes."Il souligne que la diversité des opposants a permis l’abandon du projet et voit dans cette victoire un espoir pour d’autres luttes contre des grands projets, telles que celles menées contre la LGV, contre les mines d’or de Sudmine, ou encore contre un incinérateur en Gipuzkoa. 

Expulsion de la Zad 

Autre point qui était très attendu, le premier ministre a annoncé l’évacuation de la Zone à Défendre (ZAD), dans laquelle environ 300 personnes vivent à l’année, "d’ici au printemps". Si l’évacuation n’intervient pas avant, c’est parce que la trêve hivernale rend illégale toute tentative d’évacuation de la part du gouvernement avant le 31 mars. Edouard Phillipe a demandé aux zadistes de quitter les lieux. Une demande qui ne sera a-priori pas suivie par les occupants. Des forces de l’ordre convergent depuis plusieurs jours vers ce territoire et les deux villes qui le bordent : Rennes et Nantes. L’objectif serait d’instaurer des points de contrôle afin de surveiller les allées et venues sur la Zad. 

Le feuilleton Notre-Dame-des-Landes n’est donc pas refermé. Hartzea Lopez, qui s’est rendu plusieurs fois sur place, le souligne : "la partie n’est pas finie, nous voulons aller vers une deuxième victoire : préserver ce territoire tel qu’il est." Il réfute la sémantique d’Edouard Philippe qui parle de « zone de non-droit » pour désigner la ZAD : "Ce n’est pas une zone de non-droit, mais une zone de non-droite. Il y a des lois sur cette zone : il est interdit de saccager l’environnement, ou de s’enrichir sur le dos des autres. C’est un laboratoire d’une vie collective différente qui est en place, et c’est ça que le gouvernement veut aujourd’hui faire disparaître."

L’expulsion de la Zad lui paraît être un gage en faveur des partisans de l’aéroport : "ça ressemble un peu à un lot de consolation en faveur du lobby pro-aéroport ; à défaut d’aéroport, au moins virer les zadistes." 

La bataille des zadistes continue 

Le gouvernement a sorti un dispositif hors-norme : de nombreuses compagnies de CRS et de gendarmes mobiles seront mobilisées durant plusieurs semaines pour contrôler la zone. De leur côté, les opposants à l’évacuation s’organisent également : au Pays Basque, rendez-vous est donné ce soir à 18h30 devant la mairie de Bayonne pour célébrer une première victoire et marquer l’opposition à toute tentative d’évacuation. 

Autre rendez-vous qui avait été annoncé en amont de la décision gouvernementale et qui est maintenu : une grande manifestation est appelée le 10 février sur place pour s’opposer à une évacuation. Sous une bannière "Et TOC ! Rendez-vous à la Zad le 10 février", les zadistes ont confirmé la tenue de cette manifestation. 

Concernant l’avenir des hectares dévolus à la construction de l’aéroport, Edouard Philippe a annoncé vouloir rétrocéder les terres aux agriculteurs expropriés et faire des cessions "dans le cadre de la légalité" pour les terres qui ne seraient pas reprises. 

Hartzea Lopez s’insurge contre cette distinction des bons agriculteurs contre les zadistes radicaux : "sur la zad les projets sont montés en commun entre les agriculteurs et les nouveaux arrivants. On pourrait dire que les vaches laitières sont des squatteuses radicales. C’est mal connaître la réalité foncière et agricole de la zad aujourd’hui de dire qu’il n’y aura de la place que pour ceux qui veulent bien rentrer dans le moule."

Le comité Euskal Herria Zadista va poursuivre la construction d’une maison internationale sur la zad : "C’est le sens de notre action aujourd’hui, ancrer la zad dans une vision de long terme."