Chloé REBILLARD

L’ex-première adjointe de Boucau contre-attaque

Lors d’une conférence de presse, Marie-Ange Thébaud, première adjointe de Boucau jusqu’au 4 janvier dernier, a pris la parole sur son éviction unilatérale par le maire de la commune, Francis Gonzalez. Elle ouvre la boîte de Pandore en dénonçant une gestion municipale autocratique. 

Marie-Ange Thébaud dénonce la gestion municipale effectuée par le maire de Boucau, Francis Gonzalez, qui lui a retiré ses délégations de première adjointe. © Isabelle Miquelestorena
Marie-Ange Thébaud dénonce la gestion municipale effectuée par le maire de Boucau, Francis Gonzalez, qui lui a retiré ses délégations de première adjointe. © Isabelle Miquelestorena

"Je voudrais commencer par remercier pour la multitude de messages de soutien que je reçois depuis le 4 janvier, tant au sein de mon parti, EELV, que de la part des Boucalaises et Boucalais et d’élus de tous bords politiques." Marie-Ange Thébaud prenait la parole pour la première fois depuis la rupture de confiance brutale avec le maire de Boucau qui lui a retiré l’ensemble de ses délégations. 

La raison invoquée par le maire ? Il n’a pas apprécié qu’en son absence au conseil communautaire, Marie-Ange Thébaud choisisse de donner procuration à Martine Bisauta plutôt qu’à lui-même. "Un affront public", "une rupture de confiance caractérisée" selon lui. À EELV, on juge qu’il s’agit plutôt d’une "atteinte à un ego surdimensionné" et l’ex-première adjointe de Boucau d’ajouter : "Le crime de lèse-majesté n’existe pas. Je ne contreviens pas à la loi puisque celle-ci précise bien que la procuration peut se donner à un collègue de son choix." 

"Cette prise de position dénote également une vision archaïque des intercommunalités de la part de Francis Gonzalez. Il est clairement dans l’intercommunalité pour tirer des avantages pour Boucau" soulignent ses collègues d’EELV, venus en soutien à la conférence de presse. 

Puisque Francis Gonzalez lui a redonné sa liberté, Marie-Ange Thébaud choisit de s’en emparer pour dénoncer "les conditions déplorables d’exercice du mandat". Sophie Bussière, serétaire départementale d’EELV Pays Basque, présente à ses côtés, évoque une gestion "autocratique, conformiste et patriarcale". Une gestion autocratique qui a également été constatée dans les rangs de l’opposition.

Christophe Martin, conseiller municipal PS à Boucau, parle d’un maire qui "règne sans partage, ou très peu, à deux ou trois". Pour lui, "la démocratie ne sort pas grandie de cette gestion. Le niveau d’agressivité est extrême dans les réponses qui sont faites à l’opposition. Ce n’est pas ma vision d’un débat, on peut ne pas être d’accord et débattre respectueusement". Il évoque une série de démissions et de retraits de délégations depuis le début de la mandature qui marque, selon lui, le manque de discussions. Y compris au sein même de la majorité. 

Sans bureau fixe 

L’élue boucalaise détaille les griefs qu’elle a accumulés depuis les dernières élections municipales qui l’avaient portée au poste de première adjointe. Pas de bureau attribué pour recevoir les habitants avant janvier 2017, "j’étais une sans bureau fixe", pas de rencontre possible entre le maire et sa première adjointe dans les premiers mois d’exercice de la mandature. Alors que "des collègues adjoints, tous masculins, m’ont assurée qu’ils avaient accès au bureau du maire". Toute une partie du programme commun élaboré en amont de la campagne électorale non appliquée. Des moyens restreints pour la gestion des dossiers dont elle a la charge, l’environnement et le logement social.

Plus d’une fois, l’adjointe a envisagé de partir. Mais elle dit être restée "par loyauté envers les Boucalaises et Boucalais et pour ne pas trahir la confiance qu’ils avaient mise entre mes mains en votant pour moi".

L’élue pointe également les désaccords qui ont émaillé le mandat et qui seraient également à l’origine de la rupture : elle était pour l’EPCI, le maire contre. Elle regarde vers le Pays Basque, il considère que le bassin de vie de Boucau est le sud Seignanx. L’environnement est son cheval de bataille, elle juge que le maire pâtit d’une absence de vision écologiste. 

Marie-Ange Thébaud sera désormais une conseillère municipale parmi d’autres, mais elle continuera d’exercer son rôle de conseillère au sein du conseil permanent de la CAPB. Le premier conseil municipal dans lequel elle occupera le poste de simple élue municipale se tiendra fin janvier.