Goizeder TABERNA

Ils pourraient être jugés quatorze ans plus tard

Quatre des personnes interpellées après l’arrestation de Marixol Iparragirre et Mikel Albisu viennent de recevoir l’ordonnance de renvoi au tribunal correctionnel. L’avocat de Peio Serbielle considère que la durée de la procédure est un vecteur répressif.

Peio Serbielle a été incarcéré pendant 16 mois dans le cadre de cette affaire. © Isabelle MIQUELESTORENA
Peio Serbielle a été incarcéré pendant 16 mois dans le cadre de cette affaire. © Isabelle MIQUELESTORENA

Les faits datent de plus de 13 ans et, pourtant, le magistrat instructeur vient de siffler la fin de l’enquête. Quatre personnes, dont le chanteur Peio Serbielle, mises en examen à la suite de l’arrestation des membres d’ETA Marixol Iparragirre et Mikel Albisu, ont reçu le 30 novembre dernier l’ordonnance de renvoi au tribunal correctionnel. Ils attendent maintenant la date du procès qui pourrait être fixée au second semestre 2018, au Tribunal correctionnel de Paris.

Les trois autres personnes poursuivies sont Robert et Didier Arricau ainsi que Maryse Lavie. Les enquêteurs soupçonnent ces deux derniers d’avoir hébergé les membres d’ETA et Robert Arricau de les avoir mis en relation. Arrêté fin 2004 dans une opération policière en lien avec les précédentes interpellations, Jean-François Lefort a, quant à lui, bénéficié d’un non-lieu. Décision conforme aux réquisitions du parquet.

Devant le tribunal correctionnel, les quatre accusés seront jugés pour "appartenance à une association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste" de 1999 à 2004. Concernant Peio Serbielle, son avocat Jean-François Blanco rappelle : "Il lui est reproché d’avoir accepté des réunions du comité exécutif d’ETA à son domicile [à Domezain-Berraute] et d’avoir transporté des activistes". La position de l’accusé n’a pas changé : il conteste sa culpabilité car il entendait accueillir des réfugiés politiques, menacés de tortures et confrontés à un État espagnol refusant l’auto-détermination. Il assure qu’il ne connaissait pas l’engagement des réfugiés dans ETA, ni leur rôle.

En 2015, Me Blanco avait présenté une requête en annulation pour délai d’instruction déraisonnable. Mais en vain. "Après l’emprisonnement, l’insécurité dans son existence et l’incertitude pour son avenir, la durée de la procédure est un vecteur répressif. Une méthode arbitraire et inacceptable", estime l’avocat. La partie la plus complexe du dossier, la partie criminelle, avait elle été jugée bien avant, en 2010, en cour d'assises.