Bénédicte SAINT-ANDRÉ

Etcharry : les opposants dénoncent une vente irrégulière

Ils comptent faire annuler la vente du centre de formation agricole à une communauté catholique intégriste le 12 juin prochain devant le tribunal de Bayonne, en pointant une procédure viciée.

François Baille-Barenne, Anne-Marie Mendiboure et Isabelle Marco © Isabelle Miquelestorena
François Baille-Barenne, Anne-Marie Mendiboure et Isabelle Marco © Isabelle Miquelestorena

Le 12 juin prochain, la coopérative souletine Axuria et Etxarri Kolektiboa représentés par Maître Anne-Marie Mendiboure tenteront de faire annuler la vente du château Elgart qui abritait le centre de formation agricole du Pays Basque intérieur (AFMR), à une branche catholique dissidente et intégriste la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, qui a installé dans le village son école de garçons.

L'angle d'attaque, explique l'avocate, vise en premier lieu à faire annuler la délibération de l'AFMR qui a permis la vente, le 25 juillet dernier. Car là où l'association présidée par Barthélémy Aguerre aurait dû réunir l'ensemble de ses membres, elle a convoqué une assemblée extraordinaire rassemblant une dizaine de personnes majoritairement issues du conseil d'administration et dont certaines n'étaient pas à jour de leur cotisation.

De quoi avaliser leur thèse d'une vente menée "en catimini et à prix bradé" (800 000 euros) à une communauté intégriste. "Il a fallu aller les chercher, regrette un membre du collectif, ils ne sont pas venus tout seuls. Cela encourage l'extrême droite et ce n'est pas ce que nous voulons pour notre territoire".

Reprise de la formation agricole par l'agglomération 

D'autant que le centre remplissait une mission de service public. C'est le second volet que l'avocate entend bien plaider à la barre, s'appuyant sur la séparation de l'Eglise et de l'Etat, prévue par la loi 1905. "L'AFMR a bénéficié de fonds publics. L'attribution des locaux devrait perdurer dans une notion laïque", explique-t-elle. La formation de prêtres n'entrant évidemment pas dans ce cadre.

La décision devrait être rendue dans un délai de trois semaines après le procès, les parties pouvant faire appel. Les opposants, qui ne souhaitent plus entendre parler de l'AFMR, tablent sur une décision avant la rentrée prochaine et penchent pour une reprise de la formation agricole au sein de l'Agglomération Pays Basque. 

L'institution porte une oreille attentive à cette proposition, expliquent-ils. En insistant sur la mobilisation citoyenne nécessaire pour soutenir cette action en justice. "Il est difficile de s'opposer aux décisons prises par certaines personnalités locales. Mais il ne faut pas baisser les bras et céder au fatalisme ambiant".

Une pétition contre la vente a d'ores et déjà recueilli 1 800 signatures (Internet et papier) et une motion dans le même sens a été signée par une quarantaine de maires et 269 conseillers municipaux.