Béatrice MOLLE-HARAN

De l’égalité des droits entre les femmes et les hommes

Des réactions que l’on pensait remisées augrenier de l’Histoire. Pourtant nul besoin de tomber dans le féminisme victimaire

La Journée internationale des droits des femmes du 8 mars, officialisée par l’Organisation des nations unies en 1977, a son origine dans les luttes des ouvrières et suffragettes du début du XXe siècle. Il s’agissait de revendiquer de meilleures conditions de travail et le droit de vote. Cette journée du 8 mars est aujourd’hui d’une actualité brûlante, tant les revendications suivies de victoires et d’acquis sont remises en cause par des secteurs obscurantistes de la société.

La célébration du 8 mars est plus qu’indispensable, car l’égalité des droits entre les hommes et les femmes n’est pas atteinte. De nombreuses associations féministes appellent d’ailleurs à faire grève mercredi prochain à partir de 15 h 40 afin de réclamer l’égalité des salaires et le refus du travail bénévole notamment.

Pourtant une loi existe, celle du 4 août 2014, dénommée loi pour l’égalité réelle entre les femmes et les hommes, qui inscrit dans le marbre les actions à mener pour continuer à lutter pour plus d’égalité.

Près de chez nous, à Etcharry, une manifestation a eu lieu samedi dernier à laquelle a participé le collectif féministe Emazteek Diote. Bref rappel des faits : le château d’Etcharry, géré par l’Association pour la formation en milieu rural (AFMR), a été vendu à la communauté de la Fraternité Saint-Pie X, avec licenciements à la clé. Ce haut lieu de formation et d’émancipation est donc désormais tombé dans l’escarcelle d’intégristes revendiqués. Emazteek Diote présente à la manifestation a dénoncé cette vente. Extraits de leur communiqué : “Ce site d'Etxarri a été depuis des décennies un merveilleux outil de travail pour revitaliser le Pays Basque intérieur. Et que de femmes ont tiré profit des formations pour leur indépendance ! Qu'apprenez-vous aux filles ? Qu'apprenez-vous aux garçons ? Aux unes, soyez une bonne mère de famille, obéissez à votre mari. Votre place est dans la famille et surtout pas de contraception, ni d'avortement. Dites-nous, c'est cela que vous leur apprenez ? Et aux garçons, vous leur proposez d'être les chefs de famille, d'avoir le pouvoir à la maison, sur la femme, les enfants... Et peut-être leur proposez-vous de l'abstinence à ces Messieurs ? Mais sachez-le, nous ne voulons plus retourner en arrière !”

Un état de fait qui, même si les avancées sont conséquentes, incite à une vigilance accrue. Au Pays Basque Sud, le collectif ultra-conservateur Hazteoir souhaite faire circuler la semaine prochaine à Donostia un bus orange qui a déjà provoqué un tollé à Madrid avec ces inscriptions gravées : “Les garçons ont un pénis, les filles ont un vagin”. Et ce, en réponse à la campagne de l’association Chrysallis EH qui lutte contre l’exclusion des mineurs transgenres.

Des prises de positions et des réactions que l’on pensait remisées au grenier de l’Histoire. Pour autant, nul besoin de tomber dans le féminisme victimaire, de plus en plus d’hommes sont pour l’égalité des droits et le partage des tâches quotidiennes avec le respect des différences. Différence, égalité… Un vieux débat passionnant qui n’est pas clos au sein des divers courants féministes. En atttendant, l’égalité réelle entre les hommes et les femmes est toujours à conquérir et les différents courants du féminisme doivent converger vers ce but sans oublier les débats portant sur les utopies nécessaires afin de lutter contre le fatalisme imposé.