Justine Giraudel

Bayonne, Iruñea et Hondarribia rêvent à un triangle d'or touristique

"Faire vivre les remparts", tel est le défi que se sont lancées les capitales du Labourd et de La Navarre et auquel s'est greffée Hondarribia. Toutes trois ont répondu au programme européen Poctefa en présentant le projet Creacity érigé autour du triangle d'or touristique : patrimoine, culture et gastronomie. Réponse attendue mi-avril.

Les représentants des délagations ont posé devant la Ciudadela, visitée par plus de 70% des touristes d'Iruñea. © Iñigo URIZ/ARGAZKI PRESS
Les représentants des délagations ont posé devant la Ciudadela, visitée par plus de 70% des touristes d'Iruñea. © Iñigo URIZ/ARGAZKI PRESS

En août dernier, la rédaction dressait le bilan de Fortius, qui a réuni depuis 2011 les capitales du Labourd et de la Navarre autour de leur patrimoine fortifié. Loin d'être une coquille vide, il a relancé leur jumelage un peu poussiéreux. Mi-janvier, les deux villes ont été rejointes par la petite dernière Hondarribia pour la deuxième phase du projet, Creacity. L'occasion d'une première communication commune avec, en ligne de mire, la construction d'un triangle d'or touristique.

Elus et services des trois villes se sont unis pour répondre à l'appel d'offres européen Poctefa. Avec la perspective d'un gâteau de 7 000 000 d'euros à se partager, les idées fourmillent. Creacity est aujourd'hui encore à l'état de projet : il faudra attendre la mi-avril pour la réponse de l'Union Européenne (financeur à hauteur de 65%).

Une démarche touristique qui liera patrimoine, culture et gastronomie. Mais l'UE a averti : elle ne se contentera pas d'un écrin clinquant. Les trois communes devront faire vivre leurs remparts et les mettre à la disposition des habitants, explique Yves Ugalde, adjoint à la culture bayonnais. Au Nord comme au Sud chacun joue sur ses points forts et s'inspire de l'autre pour travailler sur les faibles et développer son attractivité "tout au long de l'année".

A Bayonne Creacity sera voué à poursuivre la réhabilitation des remparts, côté Petit Bayonne. Et plus particulièrement la porte Mousserolles, derrière laquelle se trouve un Théâtre de la Nature. "Nous voulons faire des remparts un élément de la Cité, que les habitants se réapproprient ces lieux."

Bayonne abat la carte des musiques actuelles

La porte Mousserolles accueille aujourd'hui la Rock School de La Locomotive, ainsi que le Magnéto, salle de musique actuelle gérée par les 4 Fantastik. Une salle au confort sommaire, mais si l'appel d'offres venait à être remporté, des travaux y seront effectués, assure Y. Ugalde. Sous le regard attentif des architectes de France, bâtiment classé oblige. Le pavillon Y pourrait lui aussi être récupéré pour permettre la création d'une espace d'enregistrement. Réunissant ainsi un autre triptyque: enseignement, programmation et production.

Faire "réseauter" les trois villes

Côté sud, on se réjouit tout autant de la dynamique pour faire "réseauter" ces trois villes dont le triangle peut se parcourir en trois heures et dix minutes. Pour Arturo Ferrer Arriazu, nouveau directeur général de la Mairie d'Iruñea (chef de file du projet), la création artistique, l'innovation touristique et la promotion gastronomique sont trois mamelles toutes choisies pour ravir tant les touristes que les locaux.

Plus avancée que sa jumelle dizygote du Nord sur la partie rénovation des remparts, la capitale navarraise souhaite mettre les bouchées doubles sur le versant artistique et culturel et vise une économie circulaire et la participation active des citoyens. "C'est très clair pour moi, confie une agent. Pour plaire aux touristes nous devons plaire aux locaux." Il faudra donc les choyer. "Nous sommes la Culture de la ville, et si elle devait changer trop brutalement, elle disparaîtrait."

L'idée est donc de rester authentique. Des partenariats se nouent entre les provinces, par le biais de rencontres entre artistes et le partage d'un important réseau culturel. Elles caresseraient même le doux projet de mutualiser leurs forces (et leurs porte-monnaies) pour faire venir "un grand nom", confie Yves Ugalde.

Pour la première fois, la communication du projet transfrontalier s'est faite en trilingue. La précédente mairie navarraise s'y était jusqu'alors refusée. Emballée par le projet, l'équipe de Joseba Asiron n'a eu aucun difficulté à prendre la relève, explique Marie-Christine Rivière, directrice culturelle à Bayonne, s'investissant et inscrivant sa pâte participative. Gageons que l'Europe fera preuve du même enthousiasme car sans elle Creacity risquerait bien d'être tué dans l'oeuf. Mais à l'heure actuelle, la confiance règne.