Kattin Chilibolost
Entrevue
Pierre Carles
Réalisateur

"La question que pose aujourd'hui l'expérience équatorienne"

On parle de dictature pour le Venezuela, d'un Correa autoritaire qui privilégie un mode de développement productiviste. Vous en revenez à l'instant. Quel est votre témoignage ?

Pierre Carles : Alors attention, au Venezuela, là aussi, on est désinformés par la presse Française ou Espagnole. Le Venezuela, je suis désolé, mais c'est le pays d 'Amérique qui a fait chuter le plus son taux de pauvreté et fait baisser le taux d'écart entre les 10% les plus riches et les 10% les plus pauvres (indice GINI). Les politiques hyper étatistes menées par Hugo Chávez et Nicolas Maduro ont profité à la population. Et à chaque fois, ils gagnent les élections. Alors que la France a aujourd’hui un indice GINI et un taux de pauvreté qui augmente.

En Equateur, le gouvernement de R. Correa fait des choses très spectaculaires. Par exemple, l'inauguration d'une centrale hydroélectrique qui devrait produire 92% de l'énergie électrique du pays pour 2017. Il y a une volonté politique de promouvoir les énergies renouvelables et de fermer les centrales de pétrole ou de gaz électriques, de sorte que le pays soit autonome en énergie sachant qu'elle est produite par l'Etat, et non pas par les compagnies privées.

Le 24 mai, R. Correa a annoncé la préparation d'une loi qui allait surtaxer l'héritage, à 75 %, pour la partie qui dépasse 800 000 dollars. L'idée étant derrière de casser les dynasties familiales, que les grandes familles bourgeoises ne se reproduisent pas. Les grands familles équatoriennes, des familles de droite, se sont opposées bien sûr à cette mesure et ont réussi à suspendre la loi. Pourquoi ? Ces grandes familles, propriétaires de la majorité des grands médias, ont réussi à faire croire que ces mesures ne concernaient pas les classes populaires. Ces dernières ne se sont donc pas senties impliquées et ne se sont pas mobilisés. Par ailleurs cette mesure n'était pas une revendication des classes populaires. Peut-on gouverner pour le bien du peuple en prenant des décisions qui viennent d'en haut, sans qu'elles ne soient issues de revendications populaire ? Voilà la question que pose aujourd'hui l'expérience équatorienne.