Argitxu Dufau

Le justice étudie aujourd'hui la suspension de peine d'Ibon Fernandez Iradi, gravement malade

Le Tribunal d'application des peines se prononcera le 7 mai prochain concernant la demande de suspension de peine du détenu basque Ibon Fernandez Iradi. La justice française a étudié aujourd'hui, jeudi 26 mars, son dossier. Il est atteint de sclérose en plaques et a reçu de nombreux soutiens.

Parmi les personnes rassemblées ce 26 mars en défense d'I. Fernandez Iradi, la députée Sylviane Alaux. @ Isabelle MIQUELESTORENA
Parmi les personnes rassemblées ce 26 mars en défense d'I. Fernandez Iradi, la députée Sylviane Alaux. @ Isabelle MIQUELESTORENA

La justice française a étudié aujourd'hui, jeudi 26 mars cette demande. Le Tribunal d'application des peines se prononcera le 7 mai prochain concernant la demande de suspension de peine d'Ibon Fernandez Iradi. "Sans grande surprise", selon son avocate Me Maritxu Paulus-Basurco, le Parquet général a trouvé le rapport d'expertise convainquant et que sa détention serait compatible avec sa maladie. Me Paulus Basurco s'est opposée à ce discours en rappelant les inexactitudes et les contradictions du rapport. 

Ce dernier a été condamné à trente ans d'emprisonnement et à une peine de sûreté de vingt ans. Atteint de sclérose en plaques, il a déjà purgé 12 ans de prison. Il est aujourd'hui incarcéré à Lannemezan. Le collectif de défense des détenus basques Bagoaz et son avocate Me Maritxu Paulus Basurco ont dénoncé l'incompatibilité de sa détention et l'état de sa maladie. Ils ne sont pas les seuls.

François Bes, en charge des questions de santé à l'OPI (Observatoire international des prisons) considère que "la prison n'est pas un lieu médical ni de soins". Selon lui, des experts considèrent que si un hôpital ou une unité hospitalière sécurisée n'est pas loin de la prison, le détenu peut être correctement soigné en détention "mais ce n'est absolument pas vrai".

Dans le cas d'Ibon Fernandez Iradi "a priori il est suivi, il n'en reste pas moins que son état de santé aggravé a été reconnu (...) il ne s'agit pas de dire qu'il est abandonné, mais la prison n'est pas un lieu de soin, c'est pour cela que la suspension de peine a été créée", pousuit le membre de l'OIP.

Malgré un assouplissement des peines grâce à la réforme de Christiane Taubira, ce droit "est très difficilement accessible". François Bes poursuit : "cette réforme avait vraiment un sens humanitaire disant que le statut de malade doit primer sur le statut de condamné, de justiciable", or les parlementaires et politiques se seraient dépêchés de mettre des freins à cause de "risques de troubles à l'ordre public ou de risques de renouveler l'infraction"...

Aumônier protestant à la prison de Lannemezan, Sylber Boudrie rencontre Ibon Fernandes Iradi régulièrement, "il est patient, il ne se plaint pas mais la prison l'atteint". Sans vouloir mettre totalement en cause l'Administration, l'aumônier espère que la décision judiciaire "ira vers une libération", car en prison, "même si le suivi médical est le meilleur possible, le meilleur possible est relatif à la prison". Il évoque la différence flagrante d'accès aux soins entre un détenu et une personne libre : "par exemple, quelqu'un qui a besoin de dix séances de kiné, pour nous, en liberté, c'est très simple et en plus le spécialiste est équipé. En prison, le kiné vient avec ce qu'il a et le nombre de fois qu'il peut", conclut-il.

Aucune vision globale

Aujourd'hui, il existe très peu d'études menées sur l'état de santé des détenus. Impossible de savoir combien de détenus sont atteints de sclérose en plaques. Il n'y a aucune vision globale, ni aucune donnée concernant les détenus atteints de maladies graves. Le ministère de la Santé n'effectue pas, à ce jour, d'enquête exhaustive excepté pour le VIH et les hépatites. Depuis peu, une enquête sur les cancers serait ouverte.