Justine Giraudel

L'Etat empêche de donner un nouveau souffle à l'euskara

Le 10 février dernier, le préfet du département envoyait un courrier au président du Conseil des élus du Pays Basque, limitant la politique linguistique développée par le Contrat de plan Etat/Région au moment même où s'ouvre la phase de négociations. En réaction, Euskal Konfederazioa appelle les élus locaux à défendre les enjeux et les projets autour de la langue basque.

Pour Euskal Konfederazioa, une politique linguistique réduite aux actions envers les plus jeunes, comme le préconise l'Etat, correspondrait à un recul de dix ans. © Isabelle Miquelestorena
Pour Euskal Konfederazioa, une politique linguistique réduite aux actions envers les plus jeunes, comme le préconise l'Etat, correspondrait à un recul de dix ans. © Isabelle Miquelestorena

Suite à la réception des propositions d'actions du Contrat de Plan Etat/Région (CPER) et du contrat territorial Pays Basque, l’État a souhaité communiquer son positionnement sur la politique linguistique présentée. Le 10 février dernier, le préfet des Pyrénées-Atlantiques rédigeait une lettre à l'attention de Jean-Jacques Lasserre, en sa qualité de président du Conseil des élus. Pour Euskal Konfederazioa ce courrier briderait toute "velléité de développement." L'association appelle les élus locaux à défendre "cet axe majeur" du CPER.

A l'origine du diagnostic partagé, Euskal Konfederazioa avait mené un travail de projection alertant sur la baisse du nombre de locuteurs bascophones à prévoir si aucun "cap n'était franchi" en matière de politique linguistique. C'est pourquoi l'association préconisait plusieurs mesures dont un pacte politique autour de l'euskara (langue basque), pacte qui devait rassembler Etat (pour l'Education Nationale), EPCI, grandes villes, et Région (concernant la formation). L'objectif : étendre la politique linguistique à tous les champs d'actions (de l'éducation à la vie sociale, en passant par l'économie). Le courrier du préfet refuse un tel pacte.

Afin de répondre aux enjeux et besoins soulevés, la deuxième mesure consistait à doubler la capacité budgétaire de l'Office public de la langue basque (OPLB) dont l’État (actuellement 740 000 euros ), la Région (860 000 euros) et le Département (860 000 euros) sont les financeurs principaux. Une augmentation budgétaire qui ne serait pas acceptée, le maintien de l'enveloppe au niveau actuel et sa reconduction devant "être interprétés comme un signe extrêmement positif en faveur de la langue basque", souligne le préfet.

Pour l'association, ce courrier marque la volonté de brider toute velléité de développement de la politique linguistique. Outre la question financière et le pacte politique, nombres de points sont indiqués comme ne relevant pas du Contrat de Plan - entre autres la formation professionnelle, qui devrait être directement négociée avec la Région. L'impossibilité juridique ou législative inhérente au cadre institutionnel est mise en avant (sur la question de la création d'une inspection académique au Pays Basque ou l'usage de la langue basque dans les services locaux de l’État, par exemple).

Une première réponse au Contrat Territorial Pays Basque

Il s'agit de la première réponse écrite concernant le Contrat Territorial spécifique au Pays Basque, à l'heure de la phase décisive des négociations. Pour l'association, ce courrier a au moins le mérite de mettre la politique linguistique au centre des négociations et du débat, confirmant sa place prépondérante dans les projets du territoire. Le courrier fait bien état de la possibilité de continuer à développer l'offre en langue basque (notamment auprès des jeunes), mais s'en remet aux collectivités locales pour le renforcement de la politique linguistique (politique ne relevant aujourd'hui des compétences obligatoires d'aucune collectivité territoriale).

Euskal Konfederazioa se tourne bien vers les élus locaux. L'association leur rappelle qu'à l'origine de la création de l'OPLB en 2004 se trouvait la nécessité d'une gestion transversale de la langue basque par l'ensemble des institutions, suivant leurs domaines de compétences. Elle s'en remet aussi à eux pour défendre "l'axe majeur" d'un contrat territorial qu'ils ont unanimement signé.